
« C’est une règle générale : l’homme qui réussit le mieux dans la vie est celui qui détient la meilleure information ». Benjamin Disraeli.
                                                      Â
Chères lectrices, chers lecteurs;
- Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo s’est adressé au peuple congolais via le parlement réuni en congres par un discours le 10 décembre 2022.
- Il s’agit d’un discours politique. Selon Bertin Mushagalusa Zihalirwa (2020 :219), le discours politique est « le lieu de manifestation du sens de la politique en tant qu’effort de donation de sens à une vie pour la liberté, la paix sociale et la justice ».
- Il importe de préciser que du point de vue de l’herméneutique, le discours du Président de la République contient trois thèmes  principaux qui sont la réalisation, la promesse et les besoins des besoins.
- Cette lettre sociale est consacrée aux besoins des besoins. Pour ce faire, les besoins des besoins exprimés au peuple congolais par le Président de la République sont la citoyenneté, la qualité des décisions de justice et le culte de l’excellence.
- Dès lors, cette lettre sociale congolaise tente de répondre, par une analyse bibliologique, aux trois questions principales suivantes : pourquoi parle – t – on des besoins des besoins exprimés au peuple congolais ? Pourquoi le Président de la République a-t-il exprimé ces besoins au peuple congolais ? Que faut-il faire pour satisfaire ces besoins des besoins ?
- La réponse à la première question est que l’on parle des besoins des besoins parce que ces derniers (besoins des besoins) sont prioritaires et déterminants pour l’avènement  d’un véritable changement au Congo-Kinshasa. Certes, nous avons beaucoup de besoins, mais notre plus grand besoin est le besoin en hommes comme l’affirme Mgr Bakole wa Ilunga (1985 :33) les hommes capables de transformer des situations inhumaines en situations humaines. Ces hommes doivent être revêtus de la citoyenneté, de la rationalisation dans le processus décisionnel au niveau de la justice et du culte de l’excellence dans le travail.
- Le premier besoin des besoins est la citoyenneté. La citoyenneté comme besoin des besoins est exprimée à la page 25 de ce discours où Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo écrit : « Je ne pourrai terminer mon propos sans vous exhorter à concourir à l’éclosion d’un citoyen nouveau, vertueux… ».
- La citoyenneté est étroitement liée au régime démocratique dans la mesure où la citoyenneté désigne l’ensemble des pratiques par lesquelles l’individu s’investit dans sa communauté politique avec certains droits et devoirs. Bakole wa Ilunga (1985 :20) montre que « la prise de conscience d’être citoyen est donc une condition indispensable au fonctionnement de l’Etat et de l’administration publique au service du développement». Dans un  pays comme la République démocratique du Congo qui ne sait pas encore assurer le minimum vital à la plupart des congolais, personne, qui qu’il soit et où qu’il soit ne peut se permettre de s’approprier les ressources communes ni les gaspiller dans les dépenses inutiles.
- Aujourd’hui, par exemple, les véhicules de l’Etat en bon état affectés aux différents services de l’Etat sont déclassés pour besoin de la cause afin qu’ils deviennent des propriétés privées des individus sans citoyenneté. Ces individus rendent ainsi l’Etat congolais incapable d’assurer les services publics aux congolais.
- Le deuxième besoin des besoins est la rationalisation des décisions de justice. La rationalisation des décisions de justice comme besoin  des besoins est exprimée à la page 10 de ce même discours où Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo écrit : « Quant à la qualité des décisions de justice, cause de l’érosion de la confiance entre la justice et notre peuple, j’insiste d’une part, sur le renforcement de la sanction contre les magistrats véreux qui n’ont ni vocation ni conviction pour l’idéal de la justice(…) ». Dois-je rappeler qu’au cours de la réunion du conseil des ministres du 17 octobre 2022 le Président de la République a dénoncé les actions judiciaires qu’il a qualifiées d’être à la « limite du hasard », c’est-à -dire sans rationalisation.
- Ainsi donc, la justice congolaise est désavouée de tous. Alors qu’elle est rendue au nom du peuple suivant l’article 149 de la constitution congolaise du 18 février 2006, ce peuple n’a plus confiance en cette  De même, les décisions des cours et tribunaux qui sont exécutées au nom du Président de la République sont dénoncées par le Magistrat Suprême qu’est le Président de la République.
- La rupture de confiance entre le peuple et la justice d’une part et d’autre part la dénonciation des décisions des cours et tribunaux sont dues au fait que ceux qui sont censés dire le droit se soumettent à l’autorité de 3V qu’à l’autorité de la loi. Les 3V est un acronyme utilisé par Alexis Thambwe Mwamba  alors dernier Ministre de la Justice, Garde des Sceaux et Droits Humains du dernier gouvernement de Joseph Kabila qui dénonçait déjà les 3 pesanteurs à la justice Congolaise. Ces pesanteurs sont, selon l’actuel Sénateur congolais Alexis  Thambwe Mwamba, les 3V dont le 1er V renvoie à la Veste, le 2ème V renvoie au Véhicule et le 3ème V renvoie à la villa. Il faut revoir la distraction publique sur le dossier Bukangalonzo pour s’en rendre compte. Un pays où les dirigeants politiques ne répondent pas de leurs actes ne peut pas se développer.
- La soumission des diseurs de droit à l’autorité de 3V est donc une violation de la constitution du 18 février 2006  qui dispose en son article 150 : « (…) Les juges ne sont soumis dans l’exercice de leur fonction qu’à l’autorité de la loi(…) ».
- Se soumettre à l’autorité de la loi sous-entend non seulement  une lutte contre la bibliophobie et la valeur déclarative des lois, mais aussi et surtout une motivation des décisions de justice suivant la constitution du 18 février 2006 ci-haut citée qui dispose en son article 21 : « Tout jugement est écrit et motivé(…) ». Hyppolite Masani Matshi (2015 :293) montre que cet article 21 constitue le fondement de la légalité des décisions des cours et tribunaux.
- Matshi renchérit sur cet article 21 en précisant qu’il ne constitue pas seulement le fondement légal des décisions des cours et tribunaux qui doivent être écrites et motivées, il constitue aussi le fondement légal des décisions des autorités administratives aussi longtemps qu’il n’existe pas de dispositions particulières les concernant.
- De ce fait, les sanctions à infliger aux magistrats véreux doivent l’être aussi pour toute personne qui se rend coupable dans l’exercice de n’importe quelle fonction de l’Etat. Faut-il aussi rappeler le soutirage des pièces importantes dans les dossiers par les agents qui sont dans l’administration des parquets, cours et tribunaux.
- Le 3ème besoin des besoins exprimé au peuple congolais est le culte de l’excellence. Le culte de l’excellence comme  besoin  des besoins est exprimé à la page 10 de ce discours où Félix Antoine Tshisekedi écrit : « (…) l’homme qu’il faut à la place qu’il faut ». Le culte de l’excellence est essentiellement fondé sur l’éthique du travail. L’éthique du travail est entendue comme « la conscience professionnelle » c’est-à -dire  l’acte par lequel l’esprit de celui qui est appelé à travailler s’identifie et se reconnait à ses obligations professionnelles dans la structure  où il travaille.
- Cependant cet idéal noble de l’homme qu’il faut à la place qu’il faut se bute sur terrain à une réalité amère de l’apologie de la loi de moindre effort couramment appelé « chance eloko pamba ».
- La face révoltante de cette réalité amère réside dans le fait que celles ou ceux qui ont des compétences sont laissés pour compte alors que les institutions, les cabinets politiques et administratifs, les entreprises et établissements publics, les services de l’administration publique sont pleins d’incompétents engagés pour percevoir tout simplement l’argent de l’Etat. Leur seul mérite est d’être militants des partis politiques, sœurs et frères ou amis aux animateurs des structures. Pourtant, Napoléon Bonaparte disait : « Toute ambition dont on n’a pas de compétences est un crime ».
- La profession que l’on exerce étant le lieu par excellence du combat pour une société libre, un lieu privilégié où la justice et l’amour peuvent s’incarner jour après jour comme l’affirme Mgr Bakole wa Ilunga (1978 :239), il demeure fondé de préciser qu’un acteur incompétent qu’il soit politique, administratif ou social ne peut contribuer ni à la formation d’une société libre ni à la justice qui élève une nation.
- Ceci étant, la réponse à la deuxième question  est que  A. Tshisekedi Tshilombo a développé, en tant qu’acteur politique, une approche d’entretien de sa légitimité sociologique qu’il bénéficie de la part du peuple congolais qu’il appelé majestueusement « le peuple souverain ». D’ailleurs, pour lui, « le salut du peuple est la loi suprême ».
- En exprimant au peuple congolais les besoins des besoins, F.A. Tshisekedi Tshilombo a immédiatement associé ce peuple à son combat pour satisfaire ces besoins des besoins. Il a ainsi exhumé, par ce fait,  le 6ème point de sa communication à la réunion extraordinaire du conseil des ministres du 13 septembre 2019 où il , d’un côté, invitait les membres du gouvernement au respect des valeurs morales et éthiques marquées par un comportement de lutte permanente contre la corruption et les antivaleurs et, de l’autre, martelait que  ce gouvernement là serait celui qui marquait la rupture avec ce qui était négatif dans le passé.
- La rupture exige une nouvelle mentalité de la part des gouvernés et gouvernants.  Richard Ngub’usim (2017 :117) montre que la culture, la formation, l’information, les institutions, les lois comme  événements marquant durablement les individus et les communautés  sont des facteurs favorables à l’acquisition, à la modification ou à la disparition collective des mentalités.
- La persistance de l’ancienne mentalité caractérisée par la corruption, la concussion, le népotisme, la vente des services publics allant jusqu’à la vente des numéros matricules des agents de carrière des services publics de l’Etat confirme –t- elle l’échec de notre système de formation, de notre système d’information, de nos institutions ?
- Tout compte fait, la réponse à la 3ème question de la problématique cette lettre sociale est que le besoin urge de consolider davantage un dialogue permanent et direct entre peuple souverain déjà associé au combat pour un Congo Nouveau et le Président de la République  pour l’effectivité de la rupture. Ce dialogue permet au peuple souverain de contribuer à la restauration de la sanction par la dénonciation des antivaleurs. Outre la sanction, il importe d’éduquer les congolais à la honte, honte de voler, honte de détourner les différentes  ressources  de l’Etat, honte d’être commissionnaires des prédateurs et pilleurs des ressources de la RDC, honte de l’ignorance, honte d’être réfracteur au changement, honte de l’hypocrisie…
- J’ai fait ma part. Si vous êtes intéressés par cette lettre sociale congolaise, rejoignez la coupe pleine au numéro + 243 994 994 872 pour appel normal, WhatsApp ou Twitter  et à l’e-mail jsphngandu@gmail.com  pour la suite.
        Fait à Kinshasa, le 27 décembre 2022
                                      Jean Joseph NGANDU NKONGOLO
Anthropobibliologue, Expert en AnthropoBibliologie du Travail, Formateur Psycho SocioProfessionnel et Chercheur à l’Observatoire Congolais du Travail.
Leave a Comment