
C’est l’occasion ou jamais d’en finir avec la cause première et permanente de toutes les guerres ayant succédé à celle l’Afdl de 1996 à 1997, en l’occurrence les guerres du Rcd en 1998 à 2003, du Cndp de 2008 à 2012 ainsi que du M23 de 2012 à 2013 et, encore du M23 en cette année 2022. Avec le 3ème Dialogue annoncé, l’heure a sonné d’en finir avec l’aventure  » kagamienne  » à l’Est !
 Même la fameuse guerre de 100 ans…
En réaction à la dégradation de la situation sécuritaire à l’Est consécutive à l’expédition armée rwandaise via le M23 à Kiwanja et à Rutshuru, l’Union africaine a publié le 30 octobre 2022 un communiqué dans lequel le président en exercice Macky Sall et le président de sa commission Moussa Faki Mahamat « exhortent en outre toutes les parties prenantes à s’engager dans un Dialogue constructif, dans le cadre du Mécanisme existant, le Cadre de Paix, de Sécurité et de Coopération de l’Union Africaine pour la RDC et la Région, et du Dialogue de paix InterCongolais de la Communauté d’Afrique de l’Est. À cet égard, ils appellent toutes les parties à participer de bonne foi au Troisième Dialogue de paix InterCongolais qui se tiendra à Nairobi du 4 au 13 Novembre 2022».
Que la crise sécuritaire à l’Est de la RDC remonte pour certains à 1960 avec les sécessions du Katanga et du Sud-Kasaï, pour d’autres à 1996 avec la guerre de l’Afdl, il faut bien qu’un jour on en finisse. Car, même la fameuse « Guerre des 100 Ans » (avec ses nombreuses intermittences) avait pris fin lorsque les protagonistes réalisèrent que rien ne remplaçait la paix…
Les revendications sont les mêmes
Bunagana dernièrement, Kiwanja et Rutshuru récemment, c’est la même scène qui se répète dans cette partie du Kivu avec autres références Goma, Beni, Butembo, Kasindi etc.
Ça commence toujours de la même façon : annonce fracassante de l’apparition ou de la réactivation d’un groupe armé, crépitement des balles, tueries, viols et pillages, affrontements avec les forces gouvernementales, fuite des populations civiles et prise de quelques localités ou villes par les insurrectionnels, puis recherche des négociations.
Preuve qu’on reconnaît en face l’existence du Pouvoir détenteur de l’imperium.
Les revendications sont aussi les mêmes : partage du pouvoir (lire intégration des rebelles (civils, militaires et policiers) dans les institutions quand ce n’est pas d’ingrédients du genre processus électoral.
En vérité, l’insécurité qui prévaut à l’Est de la RDC depuis 1996 a un contenu identitaire indéniable.
Il n’y a rien de stigmatisant en le liant à la communauté rwandophone victime, elle-même, des velléités expansionnistes ou annexionnistes (c’est du pareil ou même) prêtées à Paul Kagame en contrepartie d’une sorte de présidence à vie.
En effet, ayant accédé à la tête de son pays en 2000 après en avoir été vice-président de la République depuis 1994, Paul Kagame s’est organisé de façon à y rester jusqu’en 2034. Il a pour cela la caution des Occidentaux.
C’est si évident que tout ce qu’on reproche par exemple à la RDC en termes de respect des principes de démocratie et des droits de l’homme n’est jamais reproché au Rwanda pour ce qu’il fait de pire. Une condescendance justifiée par le génocide de 1994.
Qu’Ã cela ne tienne !
Revendication essentielle : terre…tribale !
Pour l’histoire, il y a lieu de rappeler qu’au lendemain du 2 août 1998, Pasteur Bizimungu (prénom authentique) en avait appelé à un Berlin II dans le sens de redessiner les Grands Lacs en restituant à son pays une partie du Kivu.
On apprendra plus tard que c’est l’effet contraire qui se produirait.
Depuis, on craint d’ouvrir la boîte de Pandore.
Dans tous les cas, l’initiative de redessiner la carte de l’Afrique, les États-Unis l’avaient publiquement émise à Dakar, au début des années 1990.
Au beau milieu de la Conférence nationale souveraine, on fera la promotion de l’existence du Zaïre Utile (en raison de son potentiel minier) et du reste du Zaïre (en raison de son potentiel agricole ou forestier).
Et au milieu de ces années, un document anonyme va circuler à Kinshasa avec un contenu étranger. Intitulé  » Zaïre No Etat « , il préconise la balkanisation du Zaïre au travers du rattachement des provinces de l’Est aux Etats frontaliers : Ituri pour le Soudan du Sud et l’Ouganda ; Nord-Kivu pour l’Ouganda et le Rwanda ; Sud-Kivu pour le Rwanda, le Burundi et la Tanzanie, et Tanganyika pour la Tanzanie.
En 1996, il y eut la guerre de libération menée sous le couvert de l’Afdl. C’est alors qu’on va percevoir et circonscrire le contenu identitaire de cette guerre, car celle-ci deviendra cyclique avec l’apparition du Rcd qui engendra le Cndp qui engendra le M23. Dans leurs cahiers des charges respectifs et successifs, la même constante : protection de la minorité rwandophone, précisément tutsi.
La revendication essentielle est l’obtention d’une terre, étant donné que dans ce que deviendra plus tard la République Démocratique du Congo, depuis même avant Berlin 1885, chaque tribu s’identifie à une terre.
Finalement, qu’on veuille l’admettre ou non, les Rwandophones tutsi sont perçus comme à la recherche d’une terre plutôt tribale qu’ethnique. Et les grandes puissances occidentales sont convaincues que cet espace, on ne peut le trouver que sur le vaste territoire congolais dont la densité est de 30 habitants au km2.
De 1981 – année d’octroi collectif de la nationalité zairoïse aux Rwandais vivant au Zaïre – à ce jour (malgré la révocation de cette loi), toutes les luttes intestines s’insèrent dans ce schéma.
Entre-temps, tous les régimes à se succéder en RDC savent que si des postes peuvent leur être consentis dans la plupart des structures où les nominations ne sont pas soumises au vote (administration publique englobant la Territoriale, la Diplomatie, la Justice, l’Armée, la Police, la Sécurité et le Portefeuille), l’octroi d’une terre est tout ce que personne n’osera…
 Présence des vrais interlocuteurs que sont les lobbies occidentaux
En d’autres termes, ni hier, ni aujourd’hui, ni demain un Pouvoir issu des urnes ou d’un coup de force ne décidera de désigner une terre qui sera une  » propriété  » des Rwandophones, en particulier la communauté tutsi.
Si alors Paul Kagame se bat réellement pour une terre pour les siens en RDC, il pourrait bien la leur offrir au Rwanda ! Ce n’est l’espace qui y manque.
Tenez !
Le Rwanda a 26.338 km2 pour une population de 12.712 431 habitants au Km2, soit 483 hab./.km2.
Ne perdons pas de vue qu’avant le génocide de 1994, dans lequel la RDC n’est pour rien, la population tutsie représentait 15 % de la population rwandaise. Ce qui représenterait à ce jour, toutes proportions gardées, 1.906.950 habitants. Et puisque le génocide a pris entre 800.000 et 1.000.000 de Tutsi morts en 1994 selon les estimations officielles émanant du régime Kagame, c’est qu’il y a de la place pour les Rwandophones tutsi.
Notons d’emblée qu’il n’y a rien de négationnisme dans cette démonstration qui procède de la logique mathématique. A dire vrai, Paul Kagame se sait lui-même un instrument entre les puissants lobbies qui ont planifié la disparition de la RDC comme Etat.
A l’instar des Rwandophones toutes communautés confondues (Hutu, Tutsi, Twa), il se sait personnellement prisonnier d’un schéma qui le dépasse et dans lequel il veut entraîner tout le monde.
D’ailleurs, le rapatriement à l’israélienne ainsi suggéré sera son test de vérité.
Tout portant à croire qu’il n’en voudra pas, ce sera au moins la preuve que le cycle des guerres au Congo n’a aucun lien avec la protection de la minorité rwandophone tutsi. C’est en plus une bonne raison pour celle-ci de comprendre et d’admettre qu’elle est la première, la vraie et la seule victime du  » plaidoyer  » de Kagame.
 Comme pour dire qu’à Nairobi ou à Luanda aujourd’hui, comme hier à Addis-Abeba et à Sun City pour ne pas citer Kampala, les vrais interlocuteurs de la RDC ne sont ni Paul Kagame, ni le M23.
La réussite du sommet de Nairobi est entièrement tributaire de la présence des vrais interlocuteurs que sont ces lobbies.
C’est avec eux qu’on va devoir entamer les négociations.
Envisager un autre schéma sera juste du baume sur la plaie…
C’est pour cela que la participation de la RDC au Dialogue de Nairobi est à préparer sérieusement.
Mais alors sérieusement, en y associant les expériences convaincues parce que convaincantes.
Omer Nsongo die Lema
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