
Le budget 2023 présenté vendredi dernier aux députés nationaux par le Premier ministre Jean-Michel Sama Lukonde consacre l’accroissement des crédits alloués aux investissements par rapport à leur niveau de l’exercice 2022 atteignant un taux de 45,8% ; la réduction du train de vie des institutions par une régression de 30 % du budget de fonctionnement de ces institutions entre 2022 et 2023, avec un effet net de régression de 14,3% des frais de fonctionnement des institutions ; l’accroissement significatif, par rapport au Budget de l’exercice 2022, des parts des crédits alloués aux secteurs porteurs de croissance, notamment dans l’agriculture (110,5%), la pêche et élevage (205,7%), ainsi qu’aux secteurs sociaux dont la Santé (62,1%), la Culture (38%); et l’éducation, dans tous ses sous-secteurs (39,1%). Face à ces défis systémiques et existentiels, Sama Lukonde pense que nous n’avons pas d’autre choix que de nous rassembler, au-delà de nos divergences politiques, en vue d’y réserver des réponses patriotiques, robustes et justes qui soient véritablement à la hauteur des enjeux. Il est des moments dans la marche d’une nation où certains enjeux dépassent les clivages politiques et il est également des moments où le rassemblement cesse d’être une option pour devenir un impératif.
Une embellie de l’activité économique attendue
En ce qui concerne les perspectives économiques nationales, le chef du Gouvernement pense que l’activité économique devrait évoluer dans un contexte d’amélioration des conditions intérieures et de bonne tenue des cours des principaux produits de base, à la suite du maintien de la croissance en Chine. Cette situation démontre la résilience de l’économie nationale, justifiée par une croissance soutenue, une maitrise de l’inflation et une faible dépréciation de la monnaie nationale.
Selon les projections du Comité Permanent de Cadrage Macroéconomique, il est attendu au cours de trois prochaines années, une embellie de l’activité économique. En effet, le taux de croissance se situerait à 6,9% en moyenne de 2023 à 2025 contre une moyenne de 4,7% les trois dernières années, soit une augmentation de 2,2 points.
La croissance pour 2023 est projetée à 6,7%, tirée principalement par la branche « industrie extractive » dont la contribution sectorielle devrait se situer à 3,09 points de croissance, à 2,32 points et à 2,03 points, respectivement en 2023, 2024 et 2025. Elle serait ensuite tirée par la branche « transports et télécommunications » dont la contribution atteindrait 1,05 point de croissance en 2023, 1,08 point en 2024 et 1,10 point en 2025.
Un accroissement des dépenses d’investissements dans les secteurs sociaux de base
Le Cadre Budgétaire à Moyen Terme 2023-2025 prévoit l’évolution des dépenses, y compris le remboursement des emprunts, et l’évolution des recettes du Pouvoir Central, à 29.520,9 milliards de FC en 2023, 32.315,5 milliards de FC en 2024 et 35.473,5 milliards de FC en 2025, soit une moyenne de 32.433,4 milliards de FC.
Pour atteindre ce niveau, Sama Lukonde explique que le Gouvernement devra combler un déficit global annuel de 4.460,3 milliards de FC estimé sur la période, au moyen des emprunts extérieurs, des bons et obligations du Trésor, du remboursement du principal de la dette ainsi que des allocations DTS.
Le Gouvernement devra davantage multiplier des efforts pour hisser le niveau des recettes courantes, à travers notamment la lutte contre les antivaleurs qui gangrènent le circuit de mobilisation des recettes. Il devra également veiller à ce que les emprunts à contracter le soient à des conditions concessionnelles, afin de garantir leur soutenabilité.
Abordant la configuration du Projet de Loi de Finances pour l’exercice 2023, le Premier ministre a rappelé que celui-ci est élaboré dans un contexte marqué notamment : sur le plan politique, par l’amorce du processus électoral pour les élections générales prévues en 2023 ; sur le plan sécuritaire, par la prorogation de l’Etat de siège dans la partie Est du pays (Nord-Kivu et Ituri), la situation sécuritaire tendue suite à l’agression lâche et barbare du pays par le Rwanda et ses alliés, ainsi que par le conflit intercommunautaire dans le Territoire de Kwamouth, et plus largement par la menace de la résurgence des conflits liés à la problématique foncière et des limites de frontières intérieures.
Sur le plan sanitaire et humanitaire, par la poursuite de la maîtrise de la pandémie à Covid-19, la survenue de nouveaux cas d’Ebola dans le Nord-Kivu, ainsi que la situation humanitaire préoccupante dans l’Est du pays à la suite des conflits armés ; sur le plan économique, par l’adhésion de la République Démocratique du Congo à la Communauté des Pays de l’Afrique de l’Est, par la poursuite de la mise en œuvre du Programme de Développement Local des 145 territoires qui favorisera le développement des infrastructures à la base, ainsi que par le ralentissement de l’activité économique mondiale entrainé par la guerre russo-ukrainienne.
Sur le plan des finances publiques, par la poursuite de la mise en œuvre de la feuille de route pour le basculement au budget-programme à l’horizon 2024, conformément à la Loi relative aux finances publiques ; sur le plan social et culturel, par la consolidation de la gratuité de l’enseignement primaire ; de la gratuité des accouchements et la prise en charge des consultations prénatales, post-natales et néo-natales dans le cadre de la Couverture Santé Universelle ; l’intensification des efforts dans la lutte contre la marginalisation et l’exclusion sociale des personnes vivant avec handicap et autres personnes vulnérables ; la poursuite des actions pour la valorisation, la promotion et la préservation de notre patrimoine culturel.
Le Projet de Loi de Finances pour l’exercice 2023 est élaboré suivant les instructions du Président de la République communiquées au cours de la soixante-quatrième réunion hebdomadaire du Conseil des Ministres du vendredi 12 août 2022.
Il a été question que le budget soit significativement axé sur l’accroissement des dépenses d’investissements dans les secteurs sociaux de base, notamment la santé, l’éducation et le développement rural, ainsi que dans le secteur des infrastructures d’intégration nationale, avec pour finalité l’amélioration sensible des conditions de vie de la population.
En outre, ces instructions portaient aussi sur les efforts à fournir pour la réduction du train de vie des institutions et la nécessité de poursuivre sans relâche les efforts pour l’élargissement de l’espace budgétaire à travers une mobilisation accrue des recettes publiques et la rationalisation des dépenses publiques.
Il tient également compte des principales orientations contenues dans ma Lettre d’Orientation Budgétaire en s’inscrivant notamment dans la poursuite de la mise en œuvre du Programme d’Actions du Gouvernement adossé au Plan National Stratégique de Développement tout en s’assurant de la poursuite du Programme de Développement à la base des 145 territoires.
Sama Lukonde appelle au rassemblement
Devant les élus du peuple, le chef du Gouvernement a indiqué qu’une attention soutenue a été portée sur les secteurs sociaux et porteurs de croissance et de développement, conformément aux différents engagements internationaux auxquels le pays a souscrit.
Aussi, le Gouvernement entend-il assurer la pacification de tout le territoire national en mettant un accent particulier sur le secteur de la défense et sécurité, notamment dans l’Est du pays. Un accent particulier a également été mis sur le recensement et l’identification de la population, l’organisation des élections générales, la maîtrise de la pandémie à Covid-19 ainsi que la prise en compte de la subvention pétrolière pour le maintien d’un prix social à la pompe.
Concernant le financement de la politique du Gouvernement, celui-ci entend mettre l’accent sur la promotion de la culture fiscale, la poursuite de la mise en œuvre de la réforme fiscale et douanière déjà amorcée, la digitalisation des administrations financières ainsi que les missions de contrôle de gestion, en vue de relever la pression fiscale vers le niveau de 17,6% en moyenne de l’Afrique subsaharienne.
En ce qui concerne le Programme économique et financier appuyé par le Fonds Monétaire International dans le cadre de la Facilité Elargie de Crédit, il sied de noter que, globalement, les critères quantitatifs ont été respectés, à savoir notamment le solde budgétaire intérieur situé à 0,8%du PIB et les rémunérations représentant 5% du PIB.
« En me présentant ici devant Votre Auguste Chambre, Je suis pleinement conscient de la gravité de l’heure et des enjeux en interaction dans notre pays », souligne Sama Lukonde, qui poursuit en disant que je suis conscient de la crise sociale que traversent plusieurs ménages congolais présentement ! Je suis conscient de plusieurs équations sociales qu’ensemble nous devons impérativement résoudre afin de rendre palpable l’idéal de la justice sociale.
Je suis conscient qu’il existe au sein de nos administrations trop de disparités salariales de même qu’il s’y compte en même temps un nombre excessif d’Agents et fonctionnaires de l’Etat qui sont tout simplement exclus du système de la paie ;
Je suis conscient des efforts qui doivent être déployés pour une meilleure répartition des richesses dans le pays, notamment en ce qui concerne les infrastructures de base ainsi que l’accès à l’eau potable et à l’électricité.
Face à ces défis systémiques et existentiels, nous n’avons d’autre choix que de nous rassembler, au-delà de nos divergences politiques, en vue d’y réserver des réponses patriotiques, robustes et justes qui soient véritablement à la hauteur des enjeux.
Il est des moments dans la marche d’une nation où certains enjeux dépassent les clivages politiques ; il est également des moments où le rassemblement cesse d’être une option pour devenir un impératif. Pour nous ce moment est là !
« Face au terrorisme et à la guerre qui sévissent dans l’Est et le Nord-Est de notre pays ; Face à la nécessité de rétablir l’ordre, la cohésion nationale et la paix sur toute l’étendue du territoire national ; Face à l’urgence de certaines réformes économiques et sociales ; Face aux défis énergétiques, infrastructurels et environnementaux ; Face aux défis sanitaires et à de multiples pandémies qui nous frappent ; Face à l’impérieuse nécessité de lutter contre l’exclusion et le chômage des jeunes ainsi que les discriminations et violences faites à la femme ; Nous nous devons d’être ensemble, dans un élan patriotique, comme un et un seul peuple. C’est cela aussi être une Nation », martèle-t-il.
L’heure n’est pas aujourd’hui au bilan. Ce n’est pas ce qu’attendent nos compatriotes. L’heure du bilan viendra. Tout comme celle des élections. Mais aujourd’hui l’heure demeure à l’action, à l’action et encore à l’action.
Certes, nous avons fait beaucoup, mais il nous reste encore beaucoup à faire. « Voilà pourquoi, Honorables Députés, au nom de tout le Gouvernement de la République ici Présent, votre Gouvernement, je me tiens ici devant vous pour demander de vous approprier ce projet, de l’enrichir, s’il échet, et de nous donner les moyens de poursuivre la matérialisation de la vision du Président de la République, vision portée par le programme tel que vous l’avez ici approuvé, tout en espérant obtenir de vous le bénéfice d’un accompagnement toujours plus accru », note-t-il.
Jean-Marie Nkambua
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