Ambiguïté du M23 sur les accords de Luanda : Le Rwanda préfère pêcher en eau trouble

Malgré le moratoire de l’accord de Luanda demandant le retrait du M23 des positions prises, l’armée rwandaise continue de renforcer ses positions dans la zone occupée, dans le territoire de Rutshuru au Nord-Kivu, en tergiversant sur les recommandations du mini-sommet boycotté du reste par le Président rwandais Paul Kagame, qui s’y était représenté par son ministre des Affaires étrangères, alors que le M23 n’y était pas invité. Dans des sorties médiatiques et autres messages, le M23 distille des déclarations ambiguës. Le Président Bertrand Bisimwa, dans un communiqué officiel signé le 25 novembre 2022, affirmait que « le M23 accepte le cessez-le feu tel que recommandé par les chefs d’Etats », alors que quelques temps au paravent, le porte-parole du mouvement,  Willy Ngoma avait déclaré en substance que le M23 n’était  pas concerné par les assises de Luanda  où il n’a pas été convié ni représenté. En même temps, officiellement  le gouvernement rwandais affirme demander aux M23 d’adhérer aux recommandations des Chefs d’Etats. Des propos contradictoires qui font dire aux observateurs de la crise dans la région des grands lacs africains que le Rwanda continue à pêcher en eau trouble.

Des accrochages ont opposé le week-end dernier les combattants de l’armée rwandaise sous masque de  M23 aux Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC). Selon la Radio Okapi citant des sources locales à Rutshuru, des milices locales dans certains endroits du territoire ont aussi combattu. Il sied de rappeler que, conformément à la feuille de route  du  mini-sommet de Luanda du 23 novembre dernier, il est stipulé la cessation des hostilités, principalement  les attaques du M23 contre les FARDC et la MONUSCO devaient prendre fin au 25 novembre  à 18 heures, suivi du retrait du M23 des zones occupées et replis dans ses positions initiales vers les monts Sabyinyo, à l’Est de Rutshuru.

« Les troupes du M23 sont toujours visibles à Bunagana, dans la zone de Kibumba, à Kiwanja, vers Katwiguru sur l’axe Ishasha, et dans le chef-lieu du territoire de Rutshuru. Ils ne présenteraient aucun indice de vouloir abandonner les positions déjà prises », indiquent ces sources. « Le M23 soutenu par le Rwanda a lancé une offensive contre l’armée régulière du Congo qui replonge le pays dans des violences extrêmes. Les ressources du sol sont pillées par les voisins pour des entreprises internationales qui financent la corruption », renseigne la radio onusienne.

La stratégie M23, avec le soutien matériels et humains de l’armée rwandaise, est d’asseoir son contrôle sur Bunagana, Rutshuru, Kiwanja, Rumangabo, Kibumba… des localités occupées pour obliger le gouvernement à négocier.  Ainsi, le principal acteur dans l’insécurité n’était pas présent au mini-sommet et  le M23 n’a pas signé le texte de Luanda. Par conséquent, il ne se sent pas concerné. Dans la stratégie de la guerre sans fin, la partie militairement en position de force trouve toujours une raison de poursuivre la guerre. Quel qu’en soit le prix.

Le fait de dévoiler les stratégies d’infiltrations rwandaises, augure les déboires du M23

Le 23 Novembre  2022, deux jours avant la fin du moratoire,  à Kishishe, des officiers du M23 pris dans le piège des  Maï-maï auraient perdus la vie sur place avec plusieurs soldats. La source affirme que le corps d’un officier supérieur  tutsi était visible sur le pont MSF Kishishe.

« Le 24 Novembre 2022 aux environs de midi, une expédition militaire organisée par Kigali, bien armée, entre à Kishishe avec tendance de récupérer le corps du Général rwandais décédé, massacrer la population et brûler le village de Kishishe; mais  ils tombent dans le piège.  Ils ont été contraints à ajuster et furent défaits fatalement par les Patriotes Maï-Maï. Toute l`armure de terroristes a été récupérée », affirment les ‘Patriotes Maï-maï’ selon eux « décidé à ramener la guerre là où elle a commencé », faisant allusion aux propos du Président Laurent Désiré Kabila, aujourd’hui disparu.

Une des raisons qui expliquera bientôt la déconfiture du Rwanda et ses M23, est que sa stratégie d’infiltration basée sur le mensonge s’effrite chaque fois  qu’elle est  mise en nue. C’est le cas de ces révélations du Prix Nobel Denis Mukwege qui a affirmé que l’ANR et le service de renseignement du Rwanda utilisaient les mêmes bureaux à Goma tout comme à Bukavu. C’était lors d’une conférence débat devant des scientifiques. Il a été très révélateur au sujet de la sécurité du territoire national et les rapports entre les services de sécurité de la RDC et ceux du Rwanda. C’était d’après ses déclarations relayées par Yves Lukusa Mbuyi Wa Tshilumbu. Des propos non confirmés ni infirmés par des sources officielles.

« L’armée rwandaise n’a jamais quitté le Congo depuis 1996, elle est toujours présente sous différentes formes, les services de sécurité, de renseignement rwandais a ses bureaux, jusque récemment dans les mêmes bureaux que l’ANR à Goma et à Bukavu, c’est connu de tous. Le service de renseignement d’un autre pays qui vient s’installer dans votre service de renseignement, vous comprenez bien que c’est indépendance, une occupation (…). », a-t-il déclaré.

 Denis Mukwege  fait partie des acteurs clés dans la lutte contre l’insécurité à l’Est du pays, ce qui lui a valu d’ailleurs ce prestigieux mérite du Prix Nobel de la Paix 2018 grâce à son combat dans la prise en charge médicale des femmes et filles victimes des violences sexuelles commises sur elles en tant de guerre ; sa déclaration vaut donc  son pesant d’or.  Toutefois, il reste au gouvernement congolais de fixer l’opinion publique et des prendre des mesures qu’il faut quand à ce.

Willy Makumi Motosia

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