
Les réseaux sociaux étaient en ébullition et l’évènement dans toutes les lèvres à Kinshasa : le policier Sadam Ibanda dit « Wonda Wonda », affecté à la garde d’une personnalité de la République, a tiré le 19 septembre 2022 sur un Kuluna qui le menaçait avec une machette. C’était sur l’avenue Fayala, quartier Mumbele dans la commune de Limete. La vidéo de son exploit est rapidement devenue virale sur la toile au point que le Général Sylvano Kasongo, qui a reçu l’agent de l’ordre pour le féliciter, a conseillé ce dernier d’arrêter de faire le populisme au risque de se créer inutilement des ennuis avec la justice. Légitime défense ou pas, il importe d’éplucher les causes profondes de la flambée de banditisme urbain à Kinshasa et dans les grandes villes de la RDC. Pour nombre d’observateurs, la crise de l’emploi serait à la base du phénomène Kuluna.
Certains observateurs, à l’instar de Bamuangayi Kalukuimbi Ghislain, dont une réflexion est explorée dans cet article, estiment qu’il y a déjà « ‘un mouvement terroriste’ à Kinshasa et dans d’autres grandes villes, qui agit au milieu des Kuluna pour provoquer une crise sociale et sécuritaire ».
La crise de l’emploi en RDC, l’exode rurale à la suite de la forte détérioration des conditions sociales dans les milieux ruraux et le gain politique dans l’utilisation des désœuvrés pour des manifestations politiques, booster par la montée de la ‘basocratie’ (utilisation par les ligues des jeunes groupes des désœuvrés facile à débaucher comme preuve de popularité et assise politique) ont fini par faire des désœuvrés et ‘shegués’, une sorte de corporation spéciale, sa foi ni loi’.
Du fait que les ‘exploits’ des Kuluna sont fortement médiatisés par les médias à sensations, créant (inconsciemment peut-être) une sorte de vedettariat, fait rêver certains bandits.
Chômage, moteur de la flambée de l’insécurité urbaine
La crise de l’emploi, urgence dans plusieurs pays industrialisés, inquiète particulièrement aussi les pays en développement dont la RDC. Le chômage touche des centaines de millions d’humains et c’est la peur numéro 1 de la plupart des foyers. Le chômage engendre des maux de société et contribue aux difficultés qui mènent à la drogue et à l’alcoolisme. Etant donné que l’alcool et liqueurs forte (Angene et Zododo) se vendent sans aucune restriction et le cannabis (diamba) se consomment dans une permissivité scandaleuse (des fois même par des agents de la brigade anti-drogue), les jeunes désœuvrés au chômage, s’y donnent à cœur joie avec toutes les conséquences sécuritaires déplorées actuellement. Lutter contre le chômage résoudrait donc la majeure partie des problèmes du banditisme urbain car réduirait le nombre des désœuvrés.
« Le chômage est probablement le phénomène contemporain le plus redouté », affirme l’organisation de coopération et de développement économique (OCDE). Pour la Commission des communautés européennes, « l’ampleur et les conséquences de phénomènes sont connus mais sa gestion est ardue ». Le chômage étant un spectre qui hante les rues du monde moderne, il est donc l’obstacle socioéconomique à vaincre en priorité.
Des milliers des jeunes, diplômés de l’Université ou pas, ne parviennent pas à décrocher un premier emploi si bien qu’il est difficile pour les jeunes d’entrer dans monde de travail. C’est donc une marée humaine de demandeurs d’emploi qui se bousculent et nombre d’entre eux versent dans la drogue et l’alcool qui conduisent souvent à la mendicité et au crime pour satisfaire le vice.
Si la technologie et l’automatisation a accru la production et éliminer le nombre de dangers, elle a réduit le besoin de main d’œuvre. Celui qui perd son emploi risque de devenir chômeur à longue durée.
Vivement, des solutions systématiques et prophylactiques pour la crise de l’emploi s’imposent si l’on veut endiguer le phénomène Kuluna.
Willy Makumi Motosia
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