« Bunagana-Kiwanja-Rutshuru » : 48 heures après Roger Wood, réponse de Kagame à Biden ?

Jeudi 27 octobre 2022. Roger Wood, représentant alternatif pour les Affaires politiques spéciales dans l’Administration Joe Biden, rassure à sa manière les Congolais du soutien des États-Unis à la RDC à l’issue des discussions tenues au la veille au Conseil de sécurité de l’Onu. Des cinq membres permanents de cet organe, seuls les Américains le font par un communiqué officiel, certifié par leur ambassade en RDC pour consigne «Distribution immédiate». Washington dit à Kinshasa : Kigali et le M23 sont avertis. Kinshasa – comme à l’accoutumée – s’en félicite, sans voir venir le coup de massue.

En effet, le samedi 29 octobre 2022, soit 48 heures après, les Congolais se réveillent avec une très mauvaise nouvelle : la prise de Kiwanja et Rutshuru par le M23, donc le Rwanda.

Les professionnels des médias de la 25ème heure rentrent dans leurs petits souliers, les sources auxquelles ils se référaient ayant disparu dans la nature.

A peine revenu de Mbuji-Mayi où, profitant du forum Makutano, il a palpé du doigt les réalisations en cours dans l’Espace Kasaï, précisément à Mbuji-Mayi, le Président Félix Tshisekedi est obligé d’agir comme il ne doit que le faire en pareilles circonstances, c’est-à-dire exactement comme ses prédécesseurs : convoquer *illico une réunion du conseil national de sécurité.

Patrick Muyaya, ministre de la Communication et Médias, en a rendu compte dans le communiqué publié le soir même.

Que retenir d’essentiel de cette rencontre ? Le renouvellement de la foi dans les processus de Nairobi et de Luanda qui, en définitive, forment un bloc ; le but commun étant le retour de la paix en RDC en particulier, les Grands Lacs en général. Processus dans lequel le Conseil de sécurité, selon Roger Wood, croit dur comme fer.

Au fait, là où on pense se retrouver avec du neuf, la réalité (nous) convainc qu’il n’y a rien de nouveau sous les cieux en ce que les Processus de Nairobi et de Luanda ne sont que la variante améliorée de tous les Processus à les avoir succédé depuis Outenika en 1997.

Chaque fois qu’on veut résoudre un problème, on en crée un autre pour faire traîner les choses en longueur.

Souvenons-nous-en ! A Outenika ont succédé tour à tour :

  1. Les négociations de Lusaka sanctionnées par un Accord de cessez-le-feu assorti de l’initiative du Dialogue intercongolais ;
  2. L’initiative dudit dialogue ayant conduit les Congolais à Addis-Abeba, à Sun City I, à Pretoria et à Sun City II, cela concomitamment avec les Accords de Luanda pour le Rwanda et de Pretoria avec l’Ouganda ;
  3. La mutinerie de Nkunda et Mutebusi ayant favorisé la création Cndp. D’où les négociations de Goma entre le Gouvernement et ce mouvement insurrectionnel, petit-fils biologique de l’Afdl et fils biologique du Rcd ;
  4. Fils biologique du Cndp, petit-fils du Rcd, arrière-petit-fils de l’Afdl qu’un certain Laurent-Désiré Kabila qualifia de « conglomérat d’aventuriers », le M23 va susciter la création de la Cirgl et du double processus de Kampala et Nairobi.

Tout ceci, successivement sous Laurent Désiré Kabila et sous Joseph Kabila.

Et voilà que sous Félix Tshisekedi, le jeu reprend avec le Processus de Nairobi (entre Congolais) et le Processus de Luanda (entre la RDC et le Rwanda) qui s’ajoutera à un autre processus, celui dont Roger Wood parle dans phrase insolite « Comme c’est souvent le cas, nous avons passé beaucoup de temps aujourd’hui à parler de solutions militaires à un problème politique».

Gros-Jean comme devant, Kinshasa se retrouve dans sa position de 1996 à l’enclenchement de la guerre de l’Afdl. Cette fois, toutefois, avec un choc : 48 heures seulement après la déclaration de Roger Wood, les cités de Kiwanja et Rutshuru sont prises. Comme si Paul Kagame répondait à Joe Biden à la manière du berger à la bergère.

Pourquoi, cependant,  cette double prise ?

Rien de nouveau sous les cieux : tous les groupes armés « sous-parrainés» par le « filleul» Kagame ont le même modus operandi : grossir la superficie physique des contrées prétendument conquises pour pratiquer la surenchère en prévision des négociations à venir.

Entre-temps, exploiter (lisez voler) les ressources financières et  naturelles locales sans songer à construire ou à reconstruire les infrastructures de ces contrées n’a rien d’amoral ni d’immoral.

Conséquence : du Rcd au M23, en passant par le le Mlc, le Rcd-Kml, le Rcd-N et le Cndp, on ne connaît aucune route, aucune école, aucune centrale électrique, aucun aéroport, aucun port aménagé ou réaménagé pendant la  » libération « .

Maintenant qu’on est censé le savoir, il faut bien qu’on se (le) dise : le moment est arrivé de sortir des sentiers battus.

Comment ? Saisir la Cirgl ou le Processus actuels de Nairobi et de Luanda ? Ou plutôt la Cééac, la Sadc ou la Cae ? Ou encore l’Union africaine ou les Nations Unies ?

Ça ne sert à rien aujourd’hui parce que ça n’a servi à rien hier et ça ne servira à rien demain.

Il faut faire plutôt du Lagardère : puisque Washington ne vient pas à Kinshasa, il est du devoir de Kinshasa d’aller à Washington !

Roger Moore, en tant que représentant alternatif, est bien obligé de (nous) dire pourquoi le Rwanda et le M23 sont allés au-delà de Bunagana…

 Omer Nsongo die Lema

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