Ceux dont on parle: Kelekele Lituka, ex-champion du monde de catch partit dans l’au-delà dans l’anonymat

Ceux dont on parle, c’est la rubrique que nous avons lancé le vendredi 11 août 2022 dernier. Si Dieu nous prête vie et dans la mesure du possible, nous nous efforcerons chaque vendredi de présenter un grand personnage du sport congolais. Dans un premier temps, nous évoquerons le parcours et la carrière des Grands maîtres des arts martiaux et sports de combat toutes disciplines confondues. Pour ouvrir le bal, nous avons jeté notre dévolu sur un Grand maître de karaté du nom de Tshiwara. Dans ce numéro, nous présentons à titre posthume Kelekele Lituka. Ce dernier fut un grand athlète (catcheur) de la RDC car il est parmi les rares sportifs de ce pays à avoir attaint le sommet au niveau mondial. Kelekele était champion du monde de catch catégorie mi-lourd en 1974. Malheureusement, abandonné à son triste sort, ce grand sportif est décédé de suite d’une très longue maladie aux cliniques universitaires de Kisangani en 2021, à l’âge de 79 ans. Pour besoin de la cause et pour faire découvrir aux jeunes d’aujourd’hui ce grand personage, nous reprenons ce que nous avons publié à sa mémoire dans L’Avenir N°7495 du Lundi 12 avril 2021 juste après le décès de ce monument du sport congolais.

La République Démocratique du Congo est un pays vraiment atypique. Du jour au lendemain, ses icônes dans le domaine du sport disparaissent les unes après les autres. Malheureusement,  les autorités du pays ne changent d’un iota leur manière de les honorer de leur vivant. Ce qui fait encore plus mal, la plus part de ces icônes, quittent le monde des vivants dans l’anonymat. Ne laissant derrière elles  que des souvenirs. Le cas de Kelekele Lituka, ex champion du monde de catch catégorie mi-lourd en 1974, est plus qu’éloquent. La mort l’a surpris à l’âge de 79 ans. En l’absence d’une politique de transmission d’expérience, les jeunes ne bénéficient nullement de riche expérience de ces icônes. Certains ont entendu leurs noms, mais d’autres vont jusqu’à ignorer leur existence. Notre voeu a toujours été de voir ces icônes figurer dans les musées nationaux. Leur histoire devra être contée pour stimuler les générations futures. Les différentes fédérations sportives ont le devoir de repertorier les icônes de leur discipline respective, dresser leur biographie et rassembler leurs photos, trophées ou médailles. Ce n’est qu’à se titre qu’on pourra perenniser leur mémoire. L’Avenir se fait une fois de plus le plaisir de faire découvrir à ses nombreux lecteurs, la riche carrière de cette icône de catch qu’était Kelekele Lituka à travers l’article ci-dessous d’un confrère de Kisangani et un autre qui avait émis un souhait.

La brillante carrière de Kelekele Lituka, ex champion du monde de catch 

La triste nouvelle est tombée dans la nuit de jeudi  8 au vendredi 9 avril 2021. L’ancien champion du monde de catch en 1974, Kelekele est décédé de suite d’une très longue maladie aux cliniques universitaires de Kisangani, province de la Tshopo. Il avait 79 ans. Kelekele Lituka a fait la fierté de la RDC dans le monde du sport. Le pays de Lumumba vient de perdre  une icône.

Quel est le parcours de Pierre Kelekele Lituka ?

En 1962, à l’âge de 20 ans, il remporte déjà son premier sacre de champion du ZaÎre (actuelle RDC) après trois minutes de combat. En guise de recompense, le gouvernement de l’époque le promu entraineur national. Ses nombreux exploits traversent les frontières. En 1971, il devient vice-champion d’Afrique en Egypte et obtient une bourse de 4 ans de la Fédération allemande de lutte. Durant son séjour, il arrache plusieurs titres dont le plus prestigieux en 1974, celui de champion du monde de catch dans la catégorie mi-lourd. Il avait battu le catcheur  américain El Greco à Berlin en Allemagne. ‘’Je ne connaissais rien de la valeur de mes titres’’, regrettait Pierre Kelekele, le regard tourné vers le passé, lorsqu’on lui demande ce qu’il avait fait de sa fortune. Durant son séjour allemand, il déclarait n’avoir reçu en mains propres des organisateurs que 110 marks (87 $ environ).’’On me disait que l’argent de mes titres était viré au compte de la federation zairoise de lutte’’, affirmait l’ancien champion du monde. A son retour au pays, une fracture à la jambe le cloue quelques années à Kinshasa. Il est ensuite affecté à Kisangani comme fonctionnaire à la division provincial des sports. Il est alors aussi moniteur de sport dans certains camps de formation de la gendarmerie et de l’armée. Quelque temps plus tard, il est admis comme encadreur de sport à l’Université de Kisangani, jusqu’à sa retraite premature en 1994,victim d’une crise d’hypertension qui occasionnera une paralysie d’un bras et d’une jambe. En signe de solidarité, un catcheur congolais actuelde renom, Edingwe, a organisé deux festivals de catch, à Kisangani et à Kinshasa. L’argent récolté devait server au transfert de Kelekele en Europe pour des soins appropriés. Mais les recettes ont été très en deçà des besoins. Pour le secourir, en 1998, le maire de l’époque à Kisangani feu François Alauwa Lobela lui accorde une prime mensuelle qu’il ne touche que pendant une année. L’autre ancient maire de la ville de Kisangani Augustin Osumaka Lofanga avait signé un arête urbain lui octroyant une prime mensuelle. Depuis près d’une décennie, l’ancien champion du monde s’est battu contre la maladie dans la ville de Kisangani aux côtés de ses fils et petits-fils.

Francy Bangala Boyoma salue la mémoire de l’ex champion du monde Kelekele

Ce compatrioter déclare que c’est avec grande compassion et désarrois, qu’il se permet d’adresser ses sincères condoléances à la nation congolaise et la province de la Tshopo en particulier suite au décès du champion Kelekele Lituka. Celui-là  même qui a rayonné la RDC et sa province nourricière la Tshopo par son parcours sportif. Sans oublier le contrasteentre sa renommée international et le traitement lui réservé de son vivant. Fils Lokolé, il n’a jamais nié ses origins en dépit de solicitation internationale. Pour lui, l’illustre disparu mérite la décoration à titre posthume pour sa démarcation dans son secteur sportif.  Il suggère à l’exécutif provincial et à l’assemblée provinciale qu’on renomme certains lieux en son nom. Notamment le centre héllénique (devenir le centre Kelekele Lituka). Soit renommer le stade Lumumba en son nom (devenir le stade Kelekele Lituka). Voir certaines avenues de Kisangani porter désormais le nom Kelekele Lituka en guise de mémoire pour la génération future. Il reconnaît néanmoins que Kelekele était certes oublié de son vivant, qu’il a vécu ses derniers jours très misérable à Kisangani . Kelekele  est un héros de catch. Quand un musicien meurt ou un politician, l’engouement est tout azimuth. Cependant, constate-t-il avec regret, ce n’est jamais le cas lorsqu’il s’agit d’un sportif ayant ramené un trophée international  pour notre pays. Dès maintenant, il compte initié un lobbying au niveau national et provincial appuyé par les élus pour la décoration à titre posthume de ce digne fils de la Tshopo. Et de conclure,  c’est le lieu et le moment pour lui, de manifester toute sa sympathie à la famille biologique de l’illustre disparu.

Antoine Bolia 

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