Conflit communautaire Yaka Teke au Maï-Ndombe : À qui profite la flambée du tribalisme?

Alors que l’on commémorait le 25ème anniversaire de la  disparition du Maréchal Mobutu et  que la veuve Mobutu, maman Bobila Dawa, dans sa sortie médiatique sur les antennes de la radio Top Congo FM, joua sur la corde sensible de l’unité nationale, des signaux venant de Kwamouth dans la province de Maï-Ndombe faisaient état de la flambée du conflit ethnique opposant les Yaka au Teke. On parle déjà de plusieurs morts. Selon la Nouvelle société civile Congolaise/Kwilu, en date du 09 septembre 2022, les dernières statistiques de la division provinciale de l’action humanitaire et solidarité nationale faisaient état de 1349 déplacés des  92 ménages, 747 enfants dont 285 garçons et 462 filles de 0 à 17. Face à ces faits que l’on déplore, des interrogations surgissent et nombre d’observateurs cherche à comprendre à qui profite réellement cette résurgence des conflits inter ethniques ?

Il y a quelques années, le Président français Emmanuel Macron avait ouvert les archives nationales à 14 enquêteurs de son pays  afin de mener des recherches sur l’implication de la France dans la politique rwandaise durant la période précédant le génocide au Rwanda, soit du 1990 à 1993. Selon ce rapport, l‘Ethnicité ‘, un concept néocolonialiste, a été à la base, si pas le moteur du carnage entre rwandais.

Bien avant, au-delà du Rwanda, le  schéma de l’ethnicité a aussi été la voie explorée  par les belges pour maintenir leur  mainmise sur les ex-colonies dans la région des Grands Lacs. Les séquelles sont encore manifestes dont les conflits communautaires épisodiques non seulement dans l’Est de la Rdc, mais désormais à Yumbi, Kwamouth et autres localités dans l’ouest du pays.

Le concept de l’ethnicité  sert donc d’outil au néocolonialisme pour mettre sur pied le machiavélisme : diviser pour mieux régner.

 Il est de notoriété sociologique que le socle des organisations politiques dans le pays de Mobutu est la ‘base’ socioculturelle et l’espace linguistique. Les initiateurs des partis politiques, pour besoin de la cause, tirent également sur la fibre ethnico-tribale. Ce qui fait que la plupart de membres  de certains partis sont des ressortissants de sa province d’origine et de sa communauté linguistique.

Si le Maréchal Mobutu et son opposant historique Etienne Tshisekedi avaient réussi à faire taire ces inclinations vers des coteries ethnico-tribales, en régulant les choix des ‘compétences et expertises’ dans l’organigramme du MPR et de l’UDPS, nombre ‘d’autorités morales’ surfent actuellement sur l’attachement tribal pour se faire un brin de légitimité et de popularité.

 L’on peut s’inspirer de l’histoire de l’UDPS pour prendre la mesure de l’importance de l’ethnicité. Aux origines, l’actuel parti au pouvoir  était dirigé par un directoire constitué des originaires des quatre espaces linguistiques du pays, justement pour parer aux méfaits du tribalisme. Donnant une pédagogie à la nation.

Conflit ethnique Teke -Yaka, à qui profite le crime?

 « Les communautés Yaka et Teke ont toujours vécues en harmonie dans le Maï-Ndombe, jusqu’à l’arrivée de l’homme blanc qui imposa des limites administratives sans tenir compte des spécificités communautaires », déplore une ressortissante de la communauté ‘Banunu’ du Maï-Ndombe. En effet, les Yaka sont principalement cultivateurs, alors que  sont Teke pêcheurs. Culturellement et professionnellement, la terre et les cours d’eau n’ont pas les mêmes intérêts pour toutes les communautés.

  Il n’est pas inutile de rappeler que c’est aux entités décentralisées de travailler pour le développement des communautés locales sans toujours attendre l’intervention ou l’impulsion venant du gouvernement central ou des institutions nationales. Il importe aussi que ces entités décentralisées, tiennent compte des spécificités communautaires dans la gestion de la cité habitée sans nécessairement suivre le schéma néocolonialiste de l’ethnicité.

  L’époque de « Tata bo? Mama bo? Ekolo bo? » (Entendez, un seul père, une seule mère et un seul pays, leitmotiv de l’unité nationale chère au MPR de l’ex Zaïre actuellement RDC), auxquels on répondait à l’unissons « Moko! », est-elle révolue avec la fin du monopartisme au Zaïre ?

Particulièrement depuis la publication des résultats des élections présidentielles du 30 décembre 2018, juste après la proclamation des résultats des élections, l’on a assisté à l’émergence de deux classes antagonistes particulièrement ‘tribalo protecteurs’  aisément manipulable par une certaine classe politique. Inconsciemment peut-être, ces leaders tribaux font le lit des prédateurs du Congo adeptes de la balkanisation.

Willy Makumi Motosia

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