
L’organisation du sport en République Démocratique du Congo pose vraiment problème. Outre le fait qu’il se pose avec acuité le problème d’infrastructures en nombre et répondant aux normes internationalement admises, il y a l’épineux problème de la politique sportive dans ce vaste territoire de plus      de 2.345.000 Km2. S’il est vrai qu’une multitude des disciplines et groupements sportifs y sont présents, à voir comment s’organise le sport, nous persistons à dire que beaucoup n’auront que leurs yeux pour pleurer. Des tares demeurent, alors que le sport congolais est appelé à quitter l’amateurisme pour se professionnaliser, les actions menées sur terrain ont tendance à l’attirer vers le bas. Notre sujet du jour porte sur la prise en charge du staff technique uniquement du football au détriment de toutes les autres disciplines.
Le ministère des Sports devrait changer de dénomination
Le ministère en charge des Sports, à dire vrai, ne devait pas porter la dénomination qui est la sienne aujourd’hui : ‘’ministère des Sports et loisirs’’ saurait été mieux qu’on le désigne ministère de football. Tout est fait pour marginaliser les autres disciplines. On va nous rétorquer que le football c’est le sport roi. Nous acceptons. On aurait compris si l’on se trouvait au Brésil qui s’est fait connaître à travers le monde grâce au football et sa légende Pelé. Mais en Rdc, en termes de prestige quel a été l’apport du football ces 5 dernières années ? Nul pour ne pas dire zéro. Echec aux éliminatoires CAN Cameroun 2022, échec aux éliminatoires de la Coupe du monde Qatar 2022 et possible que la Rdc loupe encore la CAN Côte d’Ivoire 2023. Et le football a pipé des millions au trésor public. Il en est de même pour la réhabilitation du stade des Martyrs, alors qu’on ne trouve pas de moyens pour achever le stade municipal de Bandalungwa où est prévu un terrain de Basket-ball couvert.
Prime faramineuse aux footballeurs, des miettes aux autres
En outre, les footballeurs ont des primes faramineuses par rapport aux autres sportifs. Qu’on ne se voile pas la face pour dire à haute voix que c’est la discrimination pure et simple. On pourrait comprendre si c’était plus de la moitié. Or, la marge est trop grande. Vraiment étonnant que les gouvernants n’ont des yeux que pour le football mais négligent d’autres disciplines. En plein 21è siècle, des disciplines de salle telles que le Basket-ball, le Handball et le Volley-ball auxquels l’on doit ajouter les sports de combat Karaté, Boxe, Judo, Kick boxing, Ju-Jitsu, Lutte se pratiquent encore en plein air avec toutes les conséquences inimaginables causées aux athlètes. A la moindre intempérie, tout s’arrête. Faute de salles, les tatamis et ring acquis au prix de milles sacrifices par certaines fédérations de disciplines des sports des combats, ces matériels connaissent une dégradation plus rapide au vu et su de tout le monde parce que ne supportant pas les intempéries. S’ils étaient conservés dans une salle, bon nombre des matériels qu’ont bénéficié les sportifs congolais n’allaient pas connaître l’usure qui a été leur. Le cas des tatamis de la ligue de judo de Kinshasa est plus qu’éloquent. On peut multiplier des exemples.
L’égalité des chances connaît pas en Rdc pourquoi ?
Nous l’avons souligné à mainte reprise qu’il existe une disparité criante de traitement entre le footballeur et les pratiquants d’autres disciplines. Tout pour le football qui s’accapare le gros du budget alloué aux sports et rien pour les autres. Il en est de même pour l’allocation de prime. Mais que rapporte le football en termes des titres au pays ? Le bilan du football est largement négatif comparé aux autres disciplines à qui l’état congolais n’accorde que très peu d’intérêt.
Le peu d’intérêt accordé aux entraineurs en RDC révolteÂ
Les pratiquants ou athlètes sont encadrés par ceux qu’on dénomme coachs, entraineurs ou éducateurs sportifs. L’entraineur est celui qui inculque le savoir-faire à l’athlète. Il lui donne des techniques, astuces et autres méthodes pour devenir davantage plus performant. Toutefois, il faut que l’entraineur soit lui-même bien formé. Qu’il ait des notions essentielles : la connaissance et la maîtrise de la discipline. Pour ce faire, il doit toujours être à la page, être régulièrement recyclé et être en contact de la haute compétition. Il se fait malheureusement qu’on accorde très peu d’attention sur cet aspect des choses en Rdc.
En RDC, seul le staff technique national de football bénéficie des émoluments de l’Etat congolais. Hector Cuper palpe 55.000$/mois. Curieusement, on ne réserve rien pour tous les autres. Une décision prise du côté du ministère des Sports de commencer à payer tous les staffs techniques nationaux de toutes les disciplines est restée lettre morte. Seuls les entraineurs faisant partie du staff technique national de football continuent à bénéficier et pas les autres qui ne se contentent que des maigres primes qu’on alloue à leur discipline respective. Ça s’appelle discrimination, injustice et mauvaise foi manifeste. Comment peut-on imaginer que le staff du football reçoit 55OOO dollars, alors que celui du Judo n’a même pas 1000 dollars ? Et dire qu’on dénombre pas mal de disciplines sportives qui ont ramené des médailles mais qui en retour, n’ont rien eu de concret du côté du trésor public. Le cas des basketteurs champions de la 1ère édition d’Afroshan est éloquent. Ces jeunes gens n’ont toujours pas les jeeps promises. Et que dire du DTN Valéry Kayumba de la boxe qui a réussi l’exploit de qualifier 4 boxeurs ( deux dames et deux messieurs aux Jeux Olympiques Tokyo 2022), une grande première dans l’histoire du sport congolais. Au mois de mai dernier, les lutteurs congolais ont ramené 10 médailles (4 argent et 6 bronze) de leur participation au championnat d’Afrique de Luttes à El Jadida au Maroc. Quelle a été leur prime ? Et qu’ont gagné les membres du staff technique de Luttes ? Pas grand-chose. Hector Cuper qui ne récolte qu’échec sur échec est gracieusement rémunéré. Ce tableau peu reluisant du sport congolais nous pousse à dire que franchement, l’on doit cesser de trop miser sur le football. Cette façon d’agir ne sert pas du tout le sport congolais. Bien au contraire, ça créé un clivage dont le fossé s’élargit du jour le jour. On ne doit pas continuer sur cette voie d’injustice et d’intolérance. On doit adopter celle d’égalité de chance et de traitement. Même si on ne peut atteindre le même traitement accordé au footballeur, mais le rejoindre même de moitié. Ça sera justice parce que tous défendent le même drapeau. Et nous venons de le démontrer par des exemples probants qu’en termes des performances, les footballeurs sont moins performants que les boxeurs, lutteurs, judokas ou les combattants de MMA et combats libres pour ne se limiter que là .
Antoine Bolia
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