
Tendon d’Achille, défaut de cuirasse, ventre mou : encore au choix. L’évidence est que depuis l’indépendance le 30 juin 1960, la partie orientale de la RDC, sur sa bande frontalière avec l’ex-Soudan, l’Ouganda, le Rwanda, le Burundi, la Tanzanie et la Zambie, n’a jamais été à proprement parler en paix.
Dans son message du lundi 28 novembre 2022 aux participants aux troisièmes consultations nationales du Processus de Nairobi, le Président Félix Tshisekedi, s’adressant particulièrement aux groupes armés, a cité nommément les provinces concernées : Ituri (ex-Orientale), Nord-Kivu, Sud-Kivu et Maniema (Kivu) ainsi que Tanganyika (Katanga). Trois des six ex-provinces héritées de la colonisation belge par procuration…
A la proclamation de l’indépendance le 30 juin 1960 plus par la volonté de Washington que de Bruxelles (d’où le sens du terme « colonisation par procuration »), la partie orientale du Congo est entrée la première dans le cycle des conflits armés : sécession au Katanga, rébellion lumumbiste en Orientale et mutinerie et rébellion au Kivu.
Depuis, il y a une sorte de re-visitation cyclique à l’Est.
En effet, le Katanga va connaître en 1977 et 1978 deux guerres meurtrières (Shaba I et Shaba II). Le Kivu s’y installe confortablement, et l’Orientale, avec la première guerre mondiale entre deux armées gouvernementales étrangères sur son sol (forces rwandaise et ougandaise), verra l’Ituri brûler au point de nécessiter l’intervention d’une armée française via l’Opération Artémis.
Bref, l’Est du Congo a la singularité de rester inflammable ! Au centre de l’axe Orientale-Katanga, le Kivu dérange en ce qu’il fait face à un problème qu’on ne trouve ni chez son voisin du Nord (Ituri), ni du Sud (Tanganyika) : le communautarisme.
Pourtant, il a en commun, avec toutes les provinces voisines des pays étrangers, l’existence des populations transfrontalières ayant en partage la même langue, les mêmes us et coutumes, c’est-à -dire la même culture !
La question est, partant, de savoir pourquoi le problème ne se pose que dans l’hinterland kivutien. D’où la chronique intitulée « Il est temps de réclamer des Kivutiens, des Belges et des Allemands la vérité sur le Kivu » qui, semble-t-il, aurait déplu à certains compatriotes du coin.
C’est ici l’occasion de rappeler aux amnésiques le fameux document « Zaïre No Etat » paru en 1996, en pleine transition conflictuelle issue de la Conférence nationale souveraine (Cns) et peu avant l’enclenchement de la guerre de l’Afdl en septembre-octobre. Il planifiait la disparition physique du Zaïre via le rattachement de l’Ituri à l’Ouganda, du Nord-Kivu, du Sud-Kivu et du Maniema à l’Ouganda, au Rwanda et au Burundi ; le Tanganyika à la Tanzanie.
A la différence cependant de l’Ituri et du Tanganyika, les trois provinces du Kivu sont conscientes de jouer le rôle clé dans le projet occidental de redessiner le Congo avec le concours de plusieurs leaders des pays voisins convaincus, eux, de l’argument selon lequel leur survie est tributaire de la disparition du géant…
C’est pour dire des Processus de Nairobi et de Luanda en cours qu’ils sont décisifs autant pour le devenir que pour l’avenir de la République Démocratique du Congo.
Ceux qui ont conçu la mise à mort de ce pays ont toutes les ressources pour atteindre leur but. Sauf, bien entendu, opinion contraire des forces politiques et sociales locales.
En d’autres mots, les leaders de l’Ituri, du Nord-Kivu, du Sud-Kivu, du Maniema et du Tanganyika, toutes catégories confondues, doivent rassurer le peuple congolais de leur disponibilité à arrêter le cycle des guerres et à garder uni le pays.
Pour rappel, en 1997, au plus fort de la guerre de l’Afdl, ils s’étaient réunis à l’hôtel Intercontinental devenu Grand Hôtel pour lancer le slogan « Pouvoir à l’Ouest, mort à l’Est ! ».
Dans la conception géopolitique congolo-zaïroise identifiant le Pouvoir à la personne physique du Chef de l’Etat, ce slogan aura été entre 1997 et 2019 « Pouvoir à l’Est, Mort à l’Est », et de 2019 à ce jour, « Pouvoir au Centre, Mort à l’Est ».
Si la déduction est le choix de la mort de s’installer à l’Est, est alors imparable la conclusion selon laquelle : « Le problème n’est nulle part ailleurs que là où il est ». Plus de 60 ans après l’indépendance, refuser de le résoudre est tout, sauf la preuve d’aimer le Congo !
 Omer Nsongo die Lema
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