
Dans cette étude, notre problématique réside dans le souci de créer et donner l’emploi après l’obtention de diplôme d’Etat dans la section Littéraire. D’où nos questions spécifiques de cette démarche sont : pourquoi les finalistes de l’option Littéraire ne travaillent pas après l’obtention de diplôme d’Etat ? Quels métiers peuvent accompagner les latinistes après l’obtention du diplôme ? Comment y parvenir ?
J’ai formulé l’hypothèse selon laquelle il existe la possibilité de valoriser les diplômes des Humanités Littéraires en République Démocratique du Congo en intégrant d’une part, les cours liés à la gestion des documents scolaires et bibliothèques scolaires (bibliothéconomie) et d’autre part, la cour d’interprétariat lors de la formation des élèves dans cette section.
Après l’analyse des données, il ressort que les latinistes congolais ne sont pas préparés pour exercer un métier après l’obtention des diplômes d’Etats.  Autrement dit, sans diplôme d’université ou formation supérieur pour les latinistes, dans la société congolaise, mieux vaut avoir un pousse-pousseur que celui qui passe son temps à la section littéraire.
C’est pourquoi, il est temps de prendre une décision commune pour renforcer cette section des langues en Rdc afin de lutter contre le chômage dans notre pays.
Selon mes analyses après les études sur la situation actuelle de nos enfants de littéraire, il faut intégrer les cours de la bibliothéconomie et archives à partir de la 3ème année (1ère humanité) littéraire. Ces cours doivent être donnés par des spécialistes de ces domaines. La finalité est que les latinistes peuvent gérer des bibliothèques scolaires et des archives scolaires. D’où l’Etat congolais peut organiser et imposer aux promoteurs des écoles primaires et secondaires la création des bibliothèques scolaires. Autrefois, une bibliothèque était considérée comme la nourriture du cerveau. Les Romains ne disaient-ils pas « Mens alitur discendo » (entendez l’esprit se nourrit des études : NDLR) ? Car elle permet au cerveau de l’intellectuel de se renouveler de connaissances. Elle a pour mission de maintenir l’intelligence. Cela veut dire autrement qu’une école sans bibliothèque est comparable à une maison construite sur du sable.
Il convient de signaler qu’en dotant des écoles des bibliothèques, nous donnons l’occasion aux esprits des élèves de se marier avec les livres afin de donner naissance à la lecture libre. Ce type de lecture permet à l’humanité (l’homme) de faire des inventions. Et aussi, de préparer les finalistes au système LMD (Licence, Master et Doctorant) qui est déjà avec nous.
Bibliothèques scolaires pour quoi faire ?
La bibliothèque scolaire, de par sa mission, sert à inciter, dans le chef des écoliers ou élèves, le goût de la lecture. Autrefois, la bibliothèque scolaire renfermait des documents du niveau maternel, primaire et secondaire. La plupart de documents d’une bibliothèque scolaire sont prêtés aux enseignants et aux élèves pour la lecture à domicile.
Actuellement, on veut qu’une bibliothèque scolaire se subdivise par niveaux, à savoir maternel, primaire et secondaire. Travailler dans une bibliothèque scolaire dans le système actuel est parfois plus difficile que l’encadrement dispensé par l’enseignant à ses élèves.
Rôle du bibliothécaire scolaire
Ici, le bibliothécaire est régulièrement aux côtés des élèves. Il leur explique le fonds documentaire sous forme de conte. Cela en vue de les pousser vers les livres.
Quant au bibliothécaire chargé d’encadrer des écoliers du niveau maternel, il les guide pendant la visite de la bibliothèque, dans la recherche des livres et intervient dans leur orientation pendant la lecture.
Bibliothèque en République démocratique du Congo
En RDC, l’histoire de bibliothèque remonte à 1890 avec l’abbé Hooge, prêtre catholique. La première bibliothèque fut installée à Matadi (Bas-Congo) et la première bibliothèque publique en 1925. De la colonisation à l’accession à l’indépendance, la RDC a connu plus de trois cents bibliothèques dont voici la répartition à titre indicatif : province de Léopoldville (Kinshasa, Bas-Congo et Bandundu) 63, Équateur 43, Province Orientale 61, province du Kivu 33, Katanga 53 et Kasaï 42.
Il existait des écoles qui disposaient de collections de livres. Le fonds de ces collections était toujours actualisé et chaque élève pouvait au moins faire sa lecture sans trop de difficultés. Soixante-deux ans après, le pays manque de bibliothèque digne de ce nom. Cette disparition des lieux de lecture démontre à suffisance qu’il n’existe dans ce pays aucune politique claire en matière de gestion du livre.
En peu d’années, le pouvoir a remplacé le livre par la bière (alcool) et la bibliothèque par les boîtes de nuit et « Nganda » qui se sont multipliés à un rythme exponentiel. Raison pour laquelle on trouve des boîtes de nuit, bars et Nganda à chaque coin de rue pendant qu’on a fermé les bibliothèques. Cette négligence a conduit à un abrutissement de l’élite congolaise à tous les niveaux.
Il convient de signaler que certaines sources renseignent que Emery-Patrice Lumumba, premier Premier ministre de la République démocratique du Congo, travaillait à la bibliothèque. C’est de là qu’il a découvert beaucoup de choses. D’ailleurs lui-même dans son ouvrage intitulé « Le Congo, terre d’avenir, est-il menacé ? », Lumumba recommande aux Congolais de fréquenter les bibliothèques au lieu de passer leur temps dans des bars.
Delphin Bateko Moyikoli (delphinbateko@yahoo.fr)
Chercheur indépendant et spécialiste du monde des documents.
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