
Est-ce le dégel entre le régime de Kinshasa et l’Eglise catholique incarnée en Rdc par le Cardinal Fridolin Ambongo ? Est-ce la présence du Cardinal Pietro Parolin, qui exerce en même temps les fonctions de Secrétaire d’État du Vatican, qui a fait bouger les lignes ? Pouvons-nous dire qu’on est parti pour un vrai mariage entre l’Eglise et l’Etat ? En tout cas, les propos tenus ce dimanche par le Cardinal Fridolin Ambongo, ont fait penser à plusieurs analyses de la scène politique congolaise que les deux camps semblent avoir enterré la hache de guerre, au bénéfice de la paix.
Ces propos, comme on peut bien s’en rendre compte, contredisent ceux des Congolais qui trouvaient normal que chaque président de la Rdc puisse se trouver un opposant au sein de l’Eglise catholique. Et cet opposant ne serait que le Cardinal. Cette opinion a analysé les faits et gestes de l’époque de Mobutu-Malula, Kabila-Etsu ou Kabila-Monsengwo, avant de chuter par Tshisekedi-Ambongo.
Mais cette opinion a vite oublié que le contexte n’a jamais été le même et les raisons de cette opposition sont différentes des uns des autres. Sinon, un tel conflit ne se justifiait plus, d’autant plus que le pouvoir temporel du président de la République étant l’émanation de Dieu, à en croire les Saintes écritures, on ne peut que l’accompagner et l’aider à satisfaire l’intérêt général de la population.
Devant l’envoyé spécial du Pape François, le Cardinal Fridolin Ambongo a, dans son homélie, prévenu que si tous ces groupes armés (M23, CODECO et ADF) ne sont pas maitrisés, le Congo court le risque d’une grande catastrophe de notre temps. Voilà pourquoi il a demandé l’implication du Saint-Père François pour la paix au Congo à travers le soutien à la diplomatie de bon voisinage menée par le président Félix Tshisekedi.
 « Ce dernier est en quête de la paix et de la cohésion avec nos voisins, singulièrement avec le Rwanda, qui apporterait un soutien militaire au groupe armée M23. Nous en appelons ainsi à l’unité de notre peuple et nous encourageons les initiatives que prend le président de la République, non pas dans le sens de faire la guerre, mais de chercher toujours des solutions diplomatiques et politiques dans des conflits qui opposent notre pays avec les pays voisins, notamment le Rwanda », dit-il.
Loin de nous la volonté d’interférer dans le rôle prophétique que doit jouer l’Eglise catholique, il est aussi de l’intérêt de la population que celle-ci travaille, ensemble avec le pouvoir en place, pour relever des défis, que de travailler en chien de faïence. Ne dit-on pas qu’aucun progrès n’est possible, lorsque le royaume demeure divisé en lui-même ! Mis ensemble, les Congolais sont capables de beaucoup de prouesses et divisés, ils ne peuvent rien et ce sont les autres qui en profitent.
Un autre signe du dégel et non des moindres, c’est le fait pour le Premier ministre Jean-Michel Sama Lukonde et le Cardinal Pietro Parolin, secrétaire d’État du Saint-Siège d’avoir coprésidé, ce 02 juillet 2022 à la Primature, la cérémonie de signature de 5 accords spécifiques, notamment l’accord sur l’éducation, l’accord sur la pastorale de l’église dans les établissements pénitentiaires et la garde des enfants en conflit avec la loi, l’accord sur la fiscalité, l’accord sur la pastorale de l’église auprès des orphelinats, des personnes âgées. Lesquels accords signés par les membres de leurs deux gouvernements respectifs visent à régler la collaboration entre l’État congolais et l’église catholique dans les différents domaines précis.
La signature de ces accords spécifiques intervient dans le cadre de la mise en Å“uvre de l’accord-cadre signé en 2016 entre le Saint-Siège et l’État congolais et à la suite de la ratification des instruments y relatifs qui est intervenue en 2020. La cérémonie de signature de ces accords s’est déroulée entre plusieurs membres des deux gouvernements (congolais et du Vatican) en présence du Premier ministre et du Secrétaire exécutif du Vatican ainsi que du cardinal Fridolin Ambongo.
Voilà qui a poussé Mgr Donatien N’shole, Chapelain du pape et Secrétaire général de la Cenco, à dire que désormais, le travail sera fait dans un environnement beaucoup plus rassurant, étant donné que l’État s’est engagé à encadrer et accompagner le travail de l’église au service de la population.
S’adressant au Cardinal Pietro Parolin, Fridolin Ambongo lui a dit que le peuple congolais qui vous accueille aujourd’hui avec joie et espérance est un peuple qui souffre énormément. « Malgré d’énormes potentialités dont il est pourvu, outre la crise économique généralisée qui sévit chez nous et qui atteint tous les Congolais, je note la violence imposée à notre peuple, surtout dans sa partie Est, par des groupes armés d’origine nationale et étrangère. Principalement les trois grands groupes qui font beaucoup de dégâts sur notre peuple : la CODECO en Ituri, l’ADF à Beni et le M23 surtout à Rutshuru», martèle-t-il.
Il a terminé par insister qu’on doit éviter de faire de l’amalgame entre le Rwanda et le peuple Tutsi ou la population dite rwandophone. Car parmi nos populations, il y a des Tutsi congolais qui ont droit à la sécurité et à la paix.
Jean-Marie Nkambua
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