Insécurité dans l’Est de la Rdc, paradoxe des relations internationales : MONUSCO, nécessaire et inutile!

Malgré le nombre inquiétant des morts par balles réelles, soit 20 et plusieurs dizaines de blessés selon des sources, les manifestations anti-MONUSCO se sont poursuivies ce jeudi 28 juillet 2022 non seulement à Goma, Béni et Butembo, mais sur toute  la partie Orientale de la RDC  jusque dans les hauts et moyens plateaux d’Uvira et environs. Aussi paradoxale que cela, le départ précipité et en catastrophe de la mission onusienne est périlleux, malgré le désamour de  la population qui n’en veut plus. Cela constitue ainsi  un paradoxe dans les relations internationales du fait du respect de la volonté du peuple souverain et la préservation de la paix  dans les pays membres de l’ONU.

La frustration de la population contre la Mission des Nations-unies pour la stabilisation du Congo (MONUSCO), a conduit depuis lundi 25 juillet 2022 la partie est de la RDC à des manifestations « compréhensibles mais exploitées et instrumentalisées à des fins très souvent personnelles »,  déplore Me Anie Bambe citée par Me Gisèle Kapinga sur le compte whatsapp de l’émission radiophonique  » Parole des auditeurs » diffusée sur Rtga 88.1MHz. Mais qui ‘exploite’ et ‘instrumentalise’?

Pour ce professionnel de droit, « une frustration non canalisée entraine des actes de violence, y compris indiscriminée et souvent contre des victimes collatérales, au-delà de la destruction de biens matériels dont plusieurs sont régulièrement distribués aux autorités gouvernementales, aux organisations de la société civile, et à des groupes divers y compris d’élèves et étudiantes congolaises ».

Rappelant que le départ de la MONUSCO est dans un plan de retrait et que  la mise en œuvre de la fin  du mandat de la Mission, s’effectuera sur la demande du Gouvernement congolais et en partenariat avec ce dernier, le plan de transition développé conjointement, et la mise en œuvre de ses 18 jalons dont plusieurs touchent à la mise en œuvre de l’agenda femmes, paix et sécurité, s’inscrivent dans cette optique claire. Il est donc impérieux de poursuivre l’exécution et faire en sorte que cela se passe pacifiquement. Mais pourquoi depuis des décennies que la MONUSCO est là la paix prend la tangente? Pourquoi la demande de son départ vire en ‘pillage et actes de vandalisme’ pendant que  la MONUSCO demeure?

 La RDC fait partie de la MONUSCO

Il n’est pas inutile de rappeler que la MONUSCO est dans la RDC avec objectif de  » travailler pour la paix et la sécurité ».

 Il sied de noter également  que  la MONUSCO  est composée  d’hommes et de femmes de nationalités diverses, y compris des congolais. Dans son personnel civil, la MONUSCO est composée de 1555 nationaux congolais dont 250 femmes, qui courent des risques sérieux pour leurs pays. Il est donc nécessaire de prévenir tout débordement et perte en vies humaines.

C’est peut-être  une certaine ignorance de l’appartenance du Congo à la communauté internationale par le simple fait d’être membre de l’ONU. Ce ne sont pas les 5 membres permanents du Conseil de sécurité qui font l’ONU, rappelle Maitre Bamuangayi qui précise que « un principe fondamental du droit international est le respect de la souveraineté de chaque État membre, de sorte que la MONUSCO ne pouvait venir en RDC sans l’accord de l’Etat congolais. Nous appartenons à un monde réglementé. La connaissance, la maîtrise et l’application des règles de gouvernance du monde donnent du pouvoir et de l’honorabilité (…). Il y a un tribunal pour se plaindre comportement de l’ONU et de ses agents; c’est la Cour Internationale de Justice ».

Ainsi donc, il importe de comprendre que  derrière la déraison de la population de l’Est dans l’expression de ras-le-bol et sa décision de chasser la MONUSCO, par la barbarie, une force occulte qui raisonne peut en tirer profit.

« La même action contre la MONUSCO a été tentée contre les forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) à l’instauration de l’état de siège, sans arriver à la même violence physique. « L’Afdl a été accepté dans ce pays par une petite folie de la population qui a cru se débarrasser ainsi de Mobutu », rappelle Ghislain Bamuangayi.

La population qui dénonce  l’ONU comme étant « un instrument d’appui à l’hégémonie américano-occidentale », doit protester avec prudence.

Pour les protestataires,  « en 1960 la Belgique et les USA provoquèrent un chaos dans le jeune État indépendant du Congo mais imputèrent la responsabilité aux nationalistes congolais, pourtant ce sont eux des vrais auteurs. Pour assouvir leur soif ils s’imposèrent en faisant appel à leur vermine d’agence: l’ONUC pour soi-disant mettre la paix, parce qu’ils sont allés des conclaves en conclaves: de Lovanium, de Coquilatville, à Luluabourg », fustige  Armand Kolo…un chantre de la ‘Kombolisation’ (courant de pensée préconisant le nettoyage personnel, social et des institutions, en sept points , pour éradiquer la prédation du patrimoine national. Une paix chimérique au Congo- Kinshasa ».

Le fait que, malgré la présence en RDC de l’ONUC, Lumumba ait été physiquement évincé et qu’en 1999 les Nations-Unies reviennent  en RDC…et en janvier 2001 au plus chaud de leur présence, le Président de la République  M’zee Laurent Désiré Kabila, soit assssiné, endurci la méfiance de certains nationaux à l’ONU quant à leur efficacité…

23 ans et 57 pays: la plus honeureuse mission de maintien de la paix au monde  tantonne

  Depuis 1999, 57 pays du pays du monde entier,  dont les militaire et ploiciets,sont au Congo « officiellement  pour aider le pays à mettre fin aux conflits armés et restaurer la pays. Mais le bilan est catastrophique. Une hécatombe de vingt millions de morts et 6 millions de femmes violées, selon des organisations de la société civile. Ce sont des contingents ou experts au sein de la MONUSCO. En outre, le Rwanda, l’Ouganda et le Burundi, notamment y sont par leurs groupes armés qui sont très opérationnels en RDC ou par leurs hommes de troupes disant être à la poursuite ces groupes, d’une manière ouverte ou couverte. C’est donc  presque le monde entier qui est sur le sol congolais  depuis plus de vingt ans pour ‘aider’  la RDC à sortir des conflits et construire la paix, mais sans trop de succès,  et personne n’a l’intention de la quitter », dénonce Bienvenu  N. Karhakubwa, dans son livre ‘RDC, construction de la paix et rôle de la MONUSCO, L’Harmattan, Paris, 2021, page 81.

Pour certains observateurs,  « le Congo est juste un terrain de foot et un marchepied que les puissances mondiales ont conçue à la Conférence de Berlin en 1885, elles l’exploitent pour leurs intérêts à eux ».

Pourquoi l’ONU ne parvient pas à faire appliquer les résolutions du plan Mapping? On a beau dire que l’ONU « c’est d’abord une gestion d’intérêts croisés et de concessions mutuelles pour garder les équilibres fondamentaux de la sécurité internationale » mais, des faits et autres ‘jurisprudences’ peuvent rendre septiques. « L’ONU c’est d’abord les USA ! », clament certains manifestants..

 Les USA avaient attaqué l’IRAK de Saddam Hussein contre l’avis de l’ONU, bombardés Kadhafi et tuer sa fille sous la barbe de l’ONU et  kidnappé un Président latino-américain indexé ‘ narco trafiquant, pour le juger et emprisonner sur le sol américain !

« Les américains se croient plus fort faisant ce que bon leur semblent en répétant: avec ou sans alliées nous pouvons « car la force propre des USA qu’elle déploie en dehors de l’ONU par des mécanismes propres tout en agissant à travers des organisations puissantes qu’elle contrôle par sa substantielle contribution comme l’OTAN, la Banque Mondiale, le FMI et d’autres, leur permettent tout », affirme encore un autre observateur.

Cette logique veut donc que lorsque l’Amérique  trouve qu’il ne peut se servir à souhait de certaines institutions, il  menace de retirer ou diminuer sa contribution. Le cas contraire, comme en RDC où les multinationales anglo- saxonnes tirent profits de l’insécurité dans l’est de la RDC, tout est mis en contribution pour y maintenir la mission de l’ONU.

Willy Makumi Motosia