
Julien Paluku, ministre de l’Industrie, a été l’invité spécial de Jeudi Economie à Top Congo. Il a eu les mots justes pour apaiser la population de Tanganyika et de Haut Lomami pour dire que le Code minier a déjà répondu à leurs préoccupations. A l’exploitation des matières premières à Manono, 50% de la redevance minière vont rester là -bas, 15% aux entités locales où est extrait le lithium, 10% à la province, le 25% vont rester en train d’adresser le problème de développement économique de la province, 10% versés au Fonds minier de développement du futur et pourrait venir financer les infrastructures dans l’entité où on a extrait les minerais.
Top Congo : Pourquoi le dossier des batteries électriques vous fait courir partout ?
Julien Paluku : Ça ne me fait pas courir, mais ça me permet de porter la voix de la RDC à travers le monde, parce que nous sommes à l’heure de la transition énergétique et écologique. Vous savez que le monde est menacé par le fléau du réchauffement climatique. Felix Tshisekedi lorsqu’il était à la Cop à Glasgow a présenté la RDC comme pays solution. Pourquoi, parce que d’ici 2050, s’il n’y a aucune mesure prise dans le cadre de la lutte contre le réchauffement climatique, l’eau va monter de 6 mètres. Il y a des pays qui vont disparaitre de la surface comme les Pays-Bas, qui est en dessous du niveau de la mer. Le pays comme l’Indonésie. Si l’eau remonte de 6 mètres, c’est des pays qui disparaissent. Face à ça, il y a des Etats qui se présentent comme des alternatives solutions. C’est notamment les pays du Bassin du Congo, les pays du Bassin amazonien et les pays du Bassin de l’Indonésie, parce que ces pays détiennent les forêts, absorbent les émissions de carbone. La photosynthèse que nous avons étudiée à l’école secondaire, fait que les arbres dégagent l’oxygène et absorbent le gaz carbonique. Ils sont un rôle très important à jouer. Avec la Rdc qui a la 2ème grande forêt mondiale, elle se prépare comme pays solution pour l’absorption de toutes les solutions libérées à travers le monde. Ça c’est la première manche de la solution. La 2ème, il n’y a pas que la pollution des usines, il y a des pollutions de la part de l’énergie fossile utilisée par exemple en Europe. L’Allemagne a dit qu’elle va revenir aux énergies fossiles, de même que la France à cause de la crise entre ces pays d’Europe et la Russie. Encore une fois, lorsqu’on va chercher à transformer les énergies fossiles en énergie verte, renouvelable, il faut des métaux qui se trouvent être en Rdc et vont entrer dans la fabrication des batteries électriques. Les batteries au lithium ont pour rôle d’emmagasiner les énergies. On peut construire une batterie qui a la dimension de cette maison, qui est capable de donner 20 à 30 MW des milliers des personnes. Comme c’est la RDC qui détient cette panoplie des minerais : le cobalt, le lithium, le manganèse, le nickel, le chef de l’Etat a estimé qu’il fallait convoquer à Kinshasa le Drc Business Forum pour porter ce message à la connaissance du monde, ainsi inviter les autres Etats africains de rejoindre la Rdc dans cette grande aventure de la création de la première chaine de valeur autour de l’industrie des batteries.
Les réserves ne sont pas encore certifiées
En matière de fabrication des batteries et des voitures électriques, il y a une chaine de valeur qui doit être créé, soit une succession d’activités avec pour objectif de créer à chaque étape des valeurs. Quand vous cultivez vos pommes de terre, elles n’ont pas de valeur ajoutée si vous ne les transformez pas peut-être en frites. On veut passer de l’extraction des minerais à la première transformation, le produit semi-fini, avant de passer au produit fini pour élever la valeur marchande du produit congolais. Parce que depuis 1960, nous avons exporté des matières premières qui n’ont pas aidé nos pays à avoir des budgets conséquents. La preuve, ce n’est qu’en 2022 que le Gouvernement a présenté un budget de près de 15 milliards. C’est anormal. Ce que le président de la République veut faire, c’est pour que l’industrie participe à la formation du produit intérieur brut (PIB), soit à la création de la richesse. Quelle est la richesse qui est créée chaque année et cette richesse s’appelle PIB. Vous vous rendez compte que le PIB de la Rdc est de 50 milliards, soit la somme des richesses créées par les agents publics et privés. C’est très peu et cela fait qu’on ne peut pas avoir un budget supérieur à 10 milliards, parce que le budget est fonction de la richesse, l’Etat doit prélever ses taxes et ses impôts sur les richesses. Voilà pourquoi, au niveau du ministère de l’Industrie, nous voulons participer à la création de la richesse pour que la valeur de notre richesse augmente. Si on arrive à 100 milliards, nous pouvons avoir un budget de 20 à 30 milliards. Parce qu’on va prélever sur une grande richesse les impôts du pays. Pourquoi alors nous mouillons le maillot, nous allons un peu partout, c’est pour permettre aux gens de comprendre que la solution, c’est la Rdc. Avec les partenaires nationaux et étrangers, venons-nous inscrire dans cette chaine de valeur pour la fabrication des batteries électriques, parce que la demande sera forte. Demain, aussi bien en Afrique, en Europe et aux Etats-Unis, en Europe, le Parlement européen a voté la fin de l’utilisation des moteurs thermique en 2025. Donc, tous les véhicules qui ont des moteurs à essence ou diesel vont être chassés de la circulation.
La Rdc, c’est la meilleure destination pour la fabrication des batteries électriques. Mais en Rdc, il y a des préalables pour installer une usine ?
L’étude de Bloomberg a donné le montant brut de 39 millions de dollars pour l’installation d’une usine de traitement de 10.000 tonnes. Mais lorsque vous passez à 100.000 tonnes, le coût est de 300 millions de dollars Us. Au fur à mesure qu’on monte avec l’activité, le coût diminue. Voilà pourquoi l’Afrexim Bank et la Banque arabe de développement économique de l’Afrique (BADEA), l’AFC et d’autres institutions sont prêts à verser les 300 millions de dollars. Autour de l’industrie des batteries, il faut tout un écosystème de routes, électricité, transport, portuaire. C’est la raison pour laquelle nous inscrivons la fabrication des batteries électriques dans le cadre des Zones économiques spéciale. Nous sommes sur le chantier de la Zone économique spécial de Manono, la base du lithium dans la Tanganyika. Il y a un dossier qui est pendant au Portefeuille et aux Mines pour trouver une solution pour la mise de Manono. La COMUNIERE qui est une entreprise de l’Etat qui a le permis d’exploitation sur la mine de Manono, est en joint-venture avec d’autres, notamment AVZ, etc. Il y a des soucis. C’est la raison pour laquelle le chef de l’Etat a demandé au ministre des mines et du Portefeuille pour que l’on tire au clair la situation. C’est là où je voudrais apaiser la population de Tanganyika et de Haut Lomami pour dire que le Code minier a déjà répondu à leur préoccupation. A l’exploitation des matières premières à Manono, 50% de la redevance minière vont rester là -bas, 15% aux entités locales où est l’extrait le lithium, 10% à la province, le 25% vont rester en train d’adresser le problème de développement économique de la province, 10% versés au Fonds minier de développement du futur et pourrait venir financer les infrastructures dans l’entité où on a extrait les minerais. La tonne de lithium est autour de 71.000$. Imaginez si on exploitait 1 millions de tonnes de lithium, vous prenez 10% de cette valeur qui va rester à Manono, il y a de quoi construire les routes. La chaine de valeur commence par cette extraction. Lorsqu’on a donné une valeur ajoutée au lithium, on devra la transformer à Manono, c’est ceci qui va permettre à la population d’avoir la redevance minière.
Pourquoi on va transformer à Manono et non dans le Haut Katanga ?
Nous sommes sur un vaste chantier. Il faut commencer parce qu’on attendra pas qu’on ait tout l’écosystème à Manono, parce que la demande est forte. Nous commencons laoù il y a un écosystème favorable pour répondre à la demande demande, accroitre notre budget et attirer les investisseurs.
On va au Katanga parce qu’il y a l’électricité et les routes ?
Les entreprises de transformation de dernière génération des batteries électriques se feront à n’importe quel lieu, parce qu’on n’aura pas besoin seulement d’une seule usine. La demande est d’à peu près 500 millions des véhicules électriques d’ici 2030… Même quand on installe une usine à Manono, elle ne peut pas à elle seule répondre à toute la demande mondiale. On a besoin d’installer une usine à Manono, dans le Haut Lomami, à Lualaba, parce que les minerais qui entrent dans la fabrication des batteries électriques, il n’y a pas que le lithium. On pa va prendre le cobalt, le manganèse, le nickel. D’ailleurs, nous cherchons des partenaires pour l’exploitation du nickel au Kasaï Central. Parce que la mine est déjà trouvée, pour que nous nous rassurions que toutes les composantes qui entrent dans la fabrication des batteries éclectiques viennent de la Rdc.
Pour rassurer les populations de Manono, vous allez leur dire qu’il y aura des industries dans leur contrée ?
Absolument. Dans le Manono, Lualaba nous allons installer les usines, parce que nous commençons avec les précurseurs dabs le Katanga. Mais la fabrication des batteries électriques et les voitures, peut-être que ça aura lieu à Manono ou Malemba Nkulu, ou encore Kolwezi. Pour le moment, nous donnons de la valeur ajoutée au cobalt, au nickel pour fournir aux acheteurs les éléments à faire entrer dans les batteries électriques. La phase qui va nous amener aux batteries électriques, pourrait se faire soit à Manono ou Malemba Nkulu.
Afrexim, BADEA ou la BAD vont débloquer les fonds ou feront un partenariat public-privé ?
Toutes ces banques que vous avez citées sont des institutions africaines, elles travaillent ensemble. Ce sont ces banques qui ont financé l’étude de Bloomberg. Ces banques vont financer l’étude de préfaisabilité dans la Zone économique de Kinsevere. En décembre, ils vont venir à Kinshasa pour nous révéler la firme qui va faire cette étude dans trois mois. On doit nous sortir les éléments concrets et de l’entreprise qui va commencer cette usine. Et ce, dans un partenariat public-privé. L’Etat va donner sa contribution, viabiliser la Zone et les partenaires apportent le capital. Nous nous inscrivons dans une optique de planification pour que d’ici 2030 à 2040, la RDC soit doter des capacités financières pour répondre aux besoins de la population.
Il faut 39 millions de dollars ?
39 millions, c’est l’unité. Mais la construction de l’écosystème n’est pas dans les 39. Dans le budget 2023, nous avons mis des interventions économiques pour permettre à la RDC d’avoir une ligne budgétaire pour financer les premières actions, autour de 30 milliards de FC ou 15 millions de dollars Us pour la construction de l’écosystème. C’est très peu, mais le projet n’a pas qu’une seule année. Les 45 millions dans trois ans peuvent permettre à la Rdc d’investir.
Avec ce décaissement échelonné, vous risquez de ne pas atteindre l’objectif de 2025 ?
2025 c’est dans deux ans. Si déjà en 2023 on débloque 15 millions, il y a d’autres interventions économiques, mais aussi il faut mobiliser les partenaires. La construction du montage financier prend du temps. Un investisseur doit se rassurer de la viabilité et de la crédibilité du pays. Tout ce que nous faisons, c’est pour d’avantage rassurer tous les partenaires pour leur dire qu’il y a une stabilité politique.
Problèmes d’infrastructures et d’électricité ?
Ce ne sont pas des préalables, mais ce sont des opportunités. C’est pourquoi nous avons élaboré le plan directeur d’industrialisation qui reprend toutes ces composantes : Infrastructures routières, énergétiques, … pour permettre, au-delà de ce que nous faisons, que nous attirions d’autres investissements dans le domaine des infrastructures.
Une entreprise française veut construire une usine des batteries électriques en France, n’est-ce pas un concurrent direct ?
Mais la concurrence est facteur de développement. Mais ce qui doit nous rassurer, le marché est tellement grand. Même si vous construisez une usine de fabrication de batteries en France, ça ne va pas observer tout le marché. Parce que l’Afrique aura besoin de ces batteries pour son électrification. L’Afrique a un taux d’électricité inférieur à 20%. Même si ailleurs on installe d’autres usines, elles ne vont pas satisfaire la demande mondiale. Vous savez pourquoi nous nous battons pour le crédit carbone, c’est parce que les pollueurs avaient promis à Paris de payer 10 milliards de dollars à la Rdc, au Brésil et à l’Indonésie. Voilà pourquoi face aux tergiversations des pollueurs, nous avons signé un accord à trois (Rdc, Indonésie et Brésil) pour nous imposer sur le marché international. La mutualisation est avantageuse pour le monde entier. Ils sont obligés de libérer ces moyens, parce que dans leurs comptabilités, il est prévu ce moyen pour financer la pollution.
Ça se passe comment avec la Zambie ?
C’est la raison pour laquelle nous installons la première unité dans le Haut Katanga, qui est une région transfrontalière. Nous devons mettre la première unique de fabrication des précurseurs pour d’une part profiter des ressources de la Rdc et de la Zambie. Là où on peut avoir un déficit énergétique, que l’on fasse appel à la Zambie. C’est une première expérience qui permet que l’Afrique commence par elle-même pour faire face aux problèmes mondiaux qui se posent. L’ambition de deux chefs d’Etat, c’est de convier les autres à se joindre à eux.
Que cherchez-vous ?
Le constat général fait que les pays africains n’ont pas transformé leurs ressources naturelles. Lorsque Félix Tshisekedi a pris les commandes de la SADC, le thème était « l’agro-transformation et la création des chaines de valeur pour la région SADC». Nous avons un PIB inférieur à celui du Japon (100 milliards pour l’Afrique et le Japon, 5.000 milliards. L’ensemble des richesses du <Japon sont supérieur à l’ensemble des richesses de toute l’Afrique. Nous n’accroissons pas nos richesses, parce que nous n’avons pas industrialisé le continent. Voilà pourquoi les chefs d’Etat à Niamey ont pris deux à trois grandes décisions : De 1, désormais, tous les Etats africains vont consacrer le minimum de 10% de leurs budgets au développement industriel. De 2, tous les pays africains ont adopté le modèle des Zones économiques spéciales. De 3, les Etats ont convenu de consacrer 10% des marchés aux entreprises locales.
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