
« Quelle est la localité rwandaise qui a été occupée par les Fdlr même pendant deux minutes ? », s’est demandé Julien Paluku, qui pense que les Fdlr qui sont rapatriés au Rwanda, avant d’être recyclés et retournés en Rdc par Kagame, est un ingrédient utilisé par ce pays sur le plan international. C’est donc une stratégie montée pour aveugler la communauté internationale. Heureusement qu’on est en train de déconstruire cette thèse, parce que la stratégie, c’est de continuer à tirer sur cette fibre pour vivre et justifier l’insécurité.
Un spécial briefing presse a été organisé ce lundi 05 décembre 2022 à 18h00 au studio de la RTNC1, dont le thème central était : « Massacre de Kishishe perpétré par le M23/RDF ». Pour en parler, M. Patrick Muyaya, ministre de la Communication et Médias, Porte-Parole du Gouvernement a fait appel à M. Julien Paluku, ministre de l’Industrie et Gouverneur honoraire de la province du Nord-Kivu.
Dans ses mots luminaires, Patrick Muyaya a justifié pourquoi il faut faire un focus sur le massacre de Kishishe, dans le territoire de Rutshuru, province du Nord-Kivu. Si le chef de l’Etat a dénoncé ce massacre, la ministre de la Justice, Mme Rose Mutombo a instruit le Procureur général de la justice qu’un dossier soit ouvert. En séjour aux Pays-Bas, elle va saisir le Procureur pour qu’une enquête soit ouverte. Lundi, c’était aussi la fin du deuil national qui coïncide avec le début du téléthon qui a mobilisé 22 milliards des Francs congolais. « Nous allons nous assurer que les Congolais participent », indique Patrick Muyaya.
Invité entant que personne-ressource, parce qu’ayant géré la province du Nord-Kivu pendant 12 ans, Julien Maluku a commencé par exprimer sa compassion a la population du Nord-Kivu terrassée par ces actes ignobles. Le territoire de Rusthuru, dit-il, c’est l’un des 6 territoires de la province du Nord-Kivu. Ce territoire est traversé par la route nationale n°2. Il est situé à cheval entre le Rwanda et l’Ouganda. C’est ce qui fait qu’il y ait les populations qui parlent les langues du Rwanda et de l’Ouganda.
Julien Paluku a axé son intervention sur 3 axes : guerre, accords et massacres. « La Rdc est victime des différentes guerres, parce que c’est depuis 1994 que ses frontières ont été ouvertes par la communauté internationale pour accueillir des réfugiés. Deux ans après, c’était la guerre de l’Afdl, deux ans après, celle du Rcd… Cette guerre a fini par une négociation qui nous a conduits à Nairobi », a-t-il expliqué, avant d’insister que cette succession des guerres a amené la République dans un état de faiblesse pour se livrer à des négociations et accords. Tous ces accords, ont abouti à l’intégration des rebelles au sein de l’armée. Une façon d’affaiblir les Fardc.
Les mouvements rebelles ont toujours ciblé les communautés de Rutshuru pour créer la terreur et la panique. La stratégie, c’est d’éliminer une partie de la population dans cet espace. Kishishe est une localité située à l’ouest du parc de Virunga dans la chefferie de Bwito, et c’est près de 272 civils qui y ont été tués.
Déconstruire le discours de Kagame
Pour Julien Paluku, le discours de Kagame, c’est de dire que ce sont des Fdlr qui ont été tués, alors que ceux qui ont été tués étaient dans une église adventiste ! Ceci n’est pas loin de ce qui s’est passé au Rwanda, affirme-t-il. C’est donc une préparation de génocide. « Les Fdlr, c’est un ingrédient utilisé par le Rwanda sur le plan international. C’est un argument consommable sur le plan international pour se faire vendre. La stratégie, c’est de continuer à tirer sur cette fibre pour vivre », dit-il.
Du temps où j’étais gouverneur, révèle-t-il, nous avions rapatrié des centaines de FDLR. A ce jour, il reste autour de 500 éléments Fdlr constitués de vieillards. Alors que les Fdlr que nous renvoyions au Rwanda sont retournés en RDC à travers le recyclage. Si le discours sur des Fdlr se termine, Kagame n’aura plus de raison sur le plan international.
C’est donc une stratégie montée pour aveugler la communauté internationale. « Heureusement qu’on est en train de déconstruire cette thèse. Partout où les Nations Unies ont besoin des troupes, Kagame envoie ses militaires et ceci ferme la gueule à la communauté internationale », note-t-il.
Lorsque Kagame dit qu’il est protecteur d’une communauté, c’est en réalité pour semer la haine. C’est comme pour dire que ceux-là ne sont pas à vous, mais à nous. Il oublie que la population congolaise est essentiellement un assemblage des minorités. On ne peut pas dire qu’il y a risque de génocide là où coexistent 450 ethnies. Faites la comparaison entre la gouvernance au Rwanda et en RDC, c’est entre le jour et la nuit ! On n’a pas de leçon à donner à la Rdc par rapport à la gouvernance démocratique, insiste-t-il.
Julien Paluku a terminé par démontrer que le Rwanda a été au Congo durant 5 ans, avec pour motif, poursuivre les Fdlr. Mais il en est sorti premier producteur de la cassitérite et aujourd’hui, il s’est même doté d’une fonderie d’or. A ce jour, si le Rwanda, sous le masque du M23 est allé tuer à Kishishe, c’est parce qu’il vise la mine de Somikivu qui produit le pyrochlore et le coltan. Et ce sont les réseaux maffieux qui sont derrière eux et le massacre des Congolais ne leur dit rien. Comme pour dire qu’il s’agit d’une guerre essentiellement économique, visant les ressources naturelles de la Rdc.
Pas de raisons de se retirer des organisations internationales
Au sujet des massacres de Kishishe, la presse a voulu savoir, comment croire en une enquête internationale, lorsque cette communauté internationale est hypocrite et complaisante ? Le ministre de l’Industrie a démontré que l’hypocrisie et la complaisance procèdent de la désinformation. « Nous n’avons pas de raisons de nous retirer des organisations internationales, mais nous devons profiter des espaces pour leur expliquer les drames qui se passent en Rdc. Il faut que les Congolais portent la voix de ces 10 millions des morts. Au niveau du ministère de la Justice, on est en train de documenter. C’est pour nous l’occasion de briser cette hypocrisie internationale en donnant la vraie information.
Pour Patrick Muyaya, lorsque vous voyez un mal et que vous ne le dénoncez pas, vous êtes complice. Il affirme que tous les services de sécurité des pays étrangers sont conscients que le Rwanda est au Congo. « Nous apprécions la clarté de la position américaine et espérons que d’autres vont emboîter le pas », espère-t-il.
A la question de savoir, quelle solution propose la Rdc face aux FDLR ? D’emblée, Muyaya a renvoyé le journaliste à lire la feuille de route de Luanda. Pour sa part, Julien Paluku explique que lorsque le président rwandais parle des Fdlr, quelle est la localité rwandaise qui a été occupée par les Fdlr même pendant deux minutes ? Les combattants et les réfugiés ont été littéralement rapatriés jusqu’au point où Kigali voulait invoquer la clause de cessation de rapatriement des réfugiés. C’était une ruse pour laisser les résiduels sur le sol congolais.
Parmi les solutions, dit-il, nous devons communiquer sur le chiffre devenu minime. D’autres disent, comme on a toujours poussé les Congolais au dialogue, que la communauté internationale ouvre une passerelle de dialogue entre le Rwanda et ses concitoyens. Cette stratégie de laisser le rwandais en RDC, nous nous battons pour que tous ceux qui restent soient rapatriés chez eux.
Jean-Marie Nkambua
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