
« A la découverte du Bwen’Eki », c’est un thème général qui a réuni samedi 03 septembre les Basongye venus de partout pour répondre à l’invitation de la Mutualité de Ben’Eki (MUBEKI), que dirige Me Jeff Kiovue. Occasion, comme l’a dit l’honorable Kolo Nkolomonyi, de raffermir les liens de fraternité et de solidarité. « Ce ne pas une journée culturelle d’une communauté contre une autre, mais une occasion pour permettre à l’actuelle génération de comprendre le Bwen’Eki ». Après le discours du président de la MUBEKI, la parole a été accordée à son vice-président, M. Willy Kasendwe, qui a précisé que le thème général choisi à cet effet est révélateur de ce que sera le contenu de nos échanges. « Le Bwen’Eki est une réalité sociale avec laquelle nous devons faire. Quelle est l’origine des Ben’Eki ? Comment se passent certains aspects de choses ? », s’est-il demandé. Et de marteler que nous ne faisons pas la ségrégation, parce que nous voulons parler de nous-mêmes. C’est une occasion de confirmer notre identité pour tirer le positif et faire une auto-détermination, dit-il, avant de soutenir que nos enfants sont déphasés.
Des sous-thèmes proprement dits
« Origine, identité et position géographique des Ben’Eki », c’est le premier sous-thème qui a été confié à M. Elumba Nkongolo, grand notable et cofondateur de la MUBEKI. Il a situé les origines des Ben’Eki à Kantu’a Muasa que d’aucuns appellent Nsanga Lubangu. Il a par la suite donné la chronologie des empires qui se sont succédé, avant de souligner que les Ben’Eki sont situés dans les provinces de Lomami et dans le Kasaï-Central.
Ya Mwepu Kalonda ka Bila a exploité le sous-thème : « Organisation coutumière et rites d’intronisation ». A l’en croire, pour comprendre l’organisation coutumière, il faut faire allusion à la culture Songye, qui regorge en son sein une institution qui régit la vie spirituelle, appelée « Bukishi ». Cette institution enseigne trois choses : qui est ? Comment il est ? Qu’est-ce que la vie ? C’est la classe qui balise le chemin ou le Bukishi bua ntoshi. La 2ème chose, qui est muntu (l’homme), pourquoi il est sur la terre et qu’elle est sa destination ? De 3, comment l’homme doit cohabiter avec les forces de la nature ?
Dans son intervention, l’on a découvert que le Kapungulu kumesu fututu, c’est le Musongye qui n’a pas suivi l’école de Bukishi. Preuve que son corps est sale. Ainsi dans la société, ne peut être chef que celui qui a reçu un niveau élevé d’initiation. Le professeur Ya Mwepu Kalonda Ka Bila a terminé son exposé par donner les rites d’initiation, parce que dit-il, toute la vie du Musongye est ponctuée des rites d’initiation. C’est ainsi qu’il a cité le rite d’accueil, le rite de naissance, le rite de maturité, etc.
On laisse la place au charlatanisme
A travers son sous-thème intitulé : « Spiritualité chez les Ben’Eki », l’honorable Patrick Baluba a expliqué la spiritualité comme étant la qualité de ce qui est esprit et âme. Sa manifestation relève des valeurs morales. A ce sujet, il a dit que la spiritualité des Ben’Eki est basée sur le culte des ancêtres et l’initiation.
Parlant du Bukishi, il a dit que c’est une institution mystique, ésotérique et coutumière chargée de conserver les traditions. Le Bukishi est donc une religion des Ben’Eki dont l’initiation a un caractère mystique et secret. Concernant l’initiation, il a révélé que le Bukishi commence toujours par le Bukishi bua ntoshi (le baptême ou l’apprentissage), d’une durée de 3 à 4 mois. Ici, on vous apprend à prendre la parole, le respect des biens d’autrui, la hiérarchie coutumière, la danse, etc. Il a souligné que cette institution est réservée aux prétendants au pouvoir coutumier. Toutefois, les Muana muule, est une personne qui est initiée, mais sans prétendre au pouvoir coutumier.
Après le Bukishi bua ntoshi, la 2ème étape n’est autre que le Bukishi bua nkula, symbolisé par le sang. Patrick Baluba a terminé par dire que la spiritualité chez les Ben’Eki est basée sur le culte des ancêtres. « Elle incarne les valeurs morales, bien que combattue, personne n’a mesuré les conséquences de cet égarement », dit-il, avant de noter qu’il y a une désarticulation du pouvoir coutumier avec son lot de malheurs. Il a constaté qu’on assiste impuissant à la destruction de l’âme même du Busongye en laissant la place au charlatanisme. Il n’a pas manqué de constater l’absence d’un cadre d’apprentissage pour les jeunes.
Le professeur François Xavier Ndjibu s’est lui penché sur « Langue, nom et mythe chez les Basongye ». Il a parlé de la langue comme un moyen de communication par excellence. « C’est par la langue que l’homme acquiert et transmet les connaissances. C’est aussi par elle que l’homme conçoit et exprime son savoir. La langue sert de véhicule à toutes les disciplines scientifiques », indique-t-il. A l’entendre parler, pour bien parler une langue, il faut connaître sa grammaire. C’est ici qu’il a interpellé les chercheurs Songye à disponibiliser une grammaire Songye.
Parlant du nom, il a fait remarquer que tout ce qui existe a un nom et chaque nom a une signification. Dans le nom, dit-il, il y a 3 choses : on connait la signification, le genre et les accords. Au sujet du mythe, il l’a défini comme étant un récit populaire ou littéraire remettant en scène les êtres supérieurs, les faits remarquant ou remarqués. Le tout s’est terminé avec l’intervention du professeur Kalele Ka Bila sur : « Le système éducatif chez les Ben’Eki ». Il a fait siennes toutes les interventions de différents orateurs.
Les interventions de l’assistance ont mis en exergue la soif d’apprendre, mais aussi le souci de continuer les discussions en famille. Voilà qui a permis à Me Jeff Kiovue, président du comité de la MUBEKI, de dire qu’il estime avoir lancé une dynamique que nous voulons permanente afin de nous ressourcer et aussi ressourcer les générations futures sur notre être et notre existence. « Ces genres d’activités, nous les voulons nombreuses et régulières de manière à resserrer les liens entre non seulement les fils Ekiyi entre eux, mais aussi et surtout entre tous les fils Songyes », termine-t-il.
Jean-Marie Nkambua
Leave a Comment