
A la suite de la forte détérioration des conditions sociales au pays, de très nombreux jeunes se lancent dans la voie de l’immigration, dans l’espoir d’une vie meilleure à l’étranger. Il arrive que des familles se décident de vendre leur résidence pour que leur enfant parvienne à quitter la RDC, mais l’obtention de visas a toujours constitué l’obstacle majeur à leur rêve. Depuis que le gouvernement américain a lancé le programme d’octroi de visa via la DV Lotery, cela est devenu le sésame pour beaucoup de jeunes qui rêvent d’émigrer aux États-Unis d’Amérique. Ainsi donc chaque année, environs 50 000 personnes font appel à la loterie pour obtenir la « Green card ». Vu le succès de ce programme, d’autres pays aussi organisent des programme similaires pour l’octroi des visa. Pour l’année en cours, la DV Lottery 2024 s’étend du 5 octobre au 8 novembre 2022. Une innovation, le passeport n’est plus une exigence pour participer. Pour être éligible au programme, il faut être né dans l’un des pays sélectionné d’avance par le gouvernement américain, disposer d’un baccalauréat ou d’un certificat équivalent ou encore de deux années d’expérience dans un domaine hautement qualifié. Comme chaque année, les résultats seront mis en ligne. Mais une fois aux Amériques, beaucoup changent de nationalité, et le pays se vide ainsi de sa jeunesse.
Ces derniers temps, les cybercafés et agences de voyage débordent de monde. L’engouement est tel que dans certaines agences, on travaille 24H sur 24 pour servir tout le monde! Pré-enregistrement, capture photo, des bousculades aux portes ne manquent pas…
Avec 5 dollars, il y a possibilité d’arriver au pays de l’Uncle Sam et refaire sa vie et tout le monde veut tenter sa chance. Cette année, la suppression de la condition du passeport et la promesse offerte par les agences d’une prise en charge pour les gagnants de la loterie, fait courir du monde. C’est pratiquement toute la ville de Kinshasa qui veut partir. Fatiguée, exténuée par la misère du pays tout le monde veut quitter le Congo et vivre son rêve américain ! Et parmi ceux qui jouent, il y a des licenciés, des intellectuels, des ouvriers qualifiés etc…
La RDC est en train de perdre sa jeunesse, sa population active, sa main d’œuvre alors, qui va reconstruire le pays de Lumumba ? Qui va récupérer ce que la jeunesse congolaise abandonne ?
Cette situation devrait attirer l’attention de la classe politique qui, malgré la menace de balkanisation motivée par l’appétit vorace de ses voisins et la communauté internationale pour ses terres, se perd en conjectures politiciennes, ignorant les cris de détresse des congolais.
Pendant que Rwanda et Ouganda et d’autres pays convoitent les terres congolaises, la RDC se vide de sa jeunesse
Que la jeunesse en soit consciente ou non, la nature a horreur du vide. Ce que l’un abandonne, l’autre récupère, c’est la conformité aux faits même dans le rapport entre Etats. Le capitaliste ne donne jamais rien sans en recevoir en retour un gain, l’Amérique n’a pas d’amis et ne fais pas de cadeau. En bon capitaliste, il investit dans tous ces programmes pour en tirer bénéfice quelconque. Ce n’est pas de sa faute, à chacun de savoir gérer ses intérêts, c’est cela la coopération, « savoir défendre ces intérêts », disent les diplomates, même pour ce qui est de la DV Lotery il sied de savoir défendre ses intérêts.
Aujourd’hui, la tendance de la jeunesse africaine (principalement congolaise) est dans l’abandon des terres, patrimoines ancestraux, pour l’Eldorado occidental. Entre temps, les multinationales principalement anglo-saxonnes, languissent dans leur convoitise, multipliant des stratégies pour récupérer les richesses naturelles et les terres de la RDC.
Tous les moyens sont bons pour eux, carotte ou bâton, pourvu qu’ils atteignent leurs objectifs. Imposer la guerre et l’insécurité dans l’est, paupériser la population par le système de prédation instauré depuis la conférence de Berlin, ils s’appuient aussi sur les multimédias dans leur stratégie de manipulation de masses, en nourrissant des fantasmes la jeunesse.
Comme à l’époque ‘du miroir de Chaka Zulu’, pour s’accaparer des terres africaines, l’occident se sert actuellement du ‘miroir’ que sont ‘l’écran’, de la télévision, de l’ordinateur ou du téléphone pour vendre le ‘rêve’ américain.
Avec sa puissante presse et son industrie cinématographique, contrairement au Gouvernement congolais, la ‘Communauté internationale’ ne lésine pas sur les moyens pour présenter à la jeunesse africaine un occident parée d’une utopie paradisiaque, sous ailes protecteurs des héros américains bienveillants, honnêtes et bons à l’instar des Cowboys venus conquérir et ‘civiliser’ l’Amérique, Tarzan, Rambo et autres supers stars de la télévision et des réseaux sociaux. Entre-temps, les dirigeants africains sont présentés comme cupides, jouisseurs, égoïstes et sanguinaires. La contre offensives au pays ne suit pas, la presse nationale ne jouissant pas de tous les moyens de cette politique…
Toutefois, les pays émergeants Brics (Brésil, Russie, Inde, Chine et South Africa), conscient de l’importance de la guerre culturelle dans la libération des peuples, emboitent actuellement les pas pour la promotion de leurs industries cinématographiques autour des séries télévisées et novelas ainsi que de sa presse. Barrant ainsi la route à une colonisation culturelle. Cette contre-offensive porte ses fruits, contrairement à la RDC où le véhicule même de la culture, les langues congolaises, sont dénigrées au point qu’une famille s’exprimant en langue nationale est vue d’un mauvais œil et traitée avec mépris par des concepts dévalorisant comme ‘lingala phone’ ou des villageois.
Ainsi, le prosélytisme culturel occidental prépare la jeunesse à ne rêver du bonheur que hors territoire national, ce qui la pousse les jeunes à caresser le fantasme de la vie en Europe, au Canada ou en Inde et Brésil pour libérer les terres convoitées de la RDC !
Conscient de l’effet ‘lavage du cerveau’ par l’écran et autres multimédias, les gouvernements occidentaux ont lancé des programmes de facilitation d’obtention de visa que les mêmes gouvernements accordent difficilement. En tout état de cause, ce n’est nullement pour les beaux yeux des pays qui ‘bénéficient’ desdits programmes.
Willy Makumi Motosia
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