Levée de l’embargo sur les armes : Julien Paluku demande au Conseil de sécurité d’instituer le régime de notification pour le Rwanda

Invité par radio Okapi, M. Julien Paluku, ministre de l’Industrie et Gouverneur de la province du Nord-Kivu pendant plusieurs années a, tout en saluant la levée de la notification sur les achats des matériels militaires, insisté sur trois points. Il s’agit de la nécessité d’instituer le régime de notification au Rwanda, pour qu’avant d’acheter les armes, que l’on puisse savoir où est-ce qu’il va les amener. Parce qu’il a été prouvé que c’est lui arme le M23. De deux, que les Nations unies puissent interdire la participation du Rwanda aux missions de maintien de la paix. Parce qu’on ne peut pas participer aux missions de maintien de la paix dans le monde, quand on est à la base de la rupture de cette paix dans une autre région du monde. De 3, il faudrait que les Nations unies puissent secouer la CPI pour enquêter sur les crimes et les massacres commis dans l’Est. Que la CPI fasse son travail, parce que les criminels circulent librement, pendant qu’ils devraient se retrouver en prison.

Le Conseil de sécurité a renouvelé le mandat de la Monusco pour un an. Ce mandat comporte trois priorités : la protection des civils, le soutien au programme de désarmement, démobilisation des groupes armés, la réforme du secteur du secteur de sécurité. Une autre résolution adoptée concerne la procédure de notification de fourniture de matériels et d’assistance militaire qui est levée. En ce qui concerne cette 2ème résolution, Mme Bintou Keita, patronne de la Monusco estime que c’est une grande victoire diplomatique pour le gouvernement congolais.

« Cette nouvelle résolution qui a été votée à l’unanimité par les membres du Conseil de sécurité se focalise sur la protection des civils et sur la réforme du secteur de sécurité comme étant les éléments essentiels de l’accompagnement de la Monusco. Il y a trois taches prioritaires qui doivent utiliser les moyens et les ressources que nous avons pour obtenir des résultats le plus vite possible, en collaboration avec les autorités et partenaires, que ça soit au niveau national, provincial ou local. La levée de la notification sur les armes est une victoire diplomatique pour le gouvernement congolais. Entant que Système des Nations unies et Monusco, nous accueillons favorablement cette résolution qui répond à la demande de la Rdc », indique-t-elle.

En réaction, le Gouvernement congolais à travers un communiqué publié mardi salue le vote de cette résolution qui met fin à la procédure de notification de fourniture des matériels et d’assistance militaire. Cette résolution avait ainsi créé une injustice en empêchant le pays de se doter ainsi des équipements militaires qui devront permettre aux FARDC de monter leur capacité militaire pour faire face à l’agression rwandaise sous couvert du M23.

Pour ce renouvellement du mandat de la Monusco, le Gouvernement dit prendre acte et émet l’idée de continuer l’idée d’un retrait échelonné conformément à la volonté exprimée par le peuple congolais.

Réagissant à cette bonne nouvelle, Julien Paluku, a emprunté les termes de la Représentante spéciale Bintou Keita qui dit que c’est une belle victoire diplomatique de la Rdc. Mais également, c’est une bataille gagnée, une justice réparée, parce qu’effectivement, l’histoire de la guerre de la Rdc était mal connue. « Je crois que les membres permanents du Conseil de sécurité (les Etats-Unis, la France, la Chine, le Japon…) commencent à comprendre que la guerre que nous connaissons, est une guerre importée depuis 1994. C’est une suite du génocide qui avait été commis au Rwanda et on a voulu transposer la cruauté rwandaise sur le sol congolais », explique le ministre de l’Industrie.

Et d’ajouter que maintenant que toute la diplomatie a déconstruit ce discours, a démontré que ce ne pas une guerre des Congolais, mais une guerre importée, on commence à lever les sanctions prises. Pour rappel, toutes ces mesures ont commencé en 2003, lorsqu’on a voté l’embargo sur les armes ; ensuite en 2008 avec une résolution qui instaurait ce comité de notification, qui avait été assouplie en juin 2022 et aujourd’hui finalement, les Nations unies se rendent compte qu’il y a un rapport de force qui était inégaux, parce que le Rwanda lui n’est pas frappé par la mesure, ce qui lui permettait d’alimenter les groupes armés, alors que le Congo qui était frappé par la mesure se retrouvait impuissant face au drame auquel on a assisté, y compris le massacre de Kishishi, Kiwanja, Kakobola, Kasika…

Paluku affirme que la communauté internationale s’est rendue compte qu’elle a été impuissante devant ce drame, avec 10 millions des morts en Rdc qui fait 10 fois le nombre des victimes du génocide au Rwanda. Je crois que ça atteint toutes les consciences aux Nations unies, voilà pourquoi on a compris qu’il faut permettre à la Rdc de renforcer son système de défense, ce qui est un sentiment de satisfaction de la part des gouvernants et de la population congolaise.

Réparer l’injustice

Est-ce une façon pour le Conseil de sécurité de réparer l’injustice imposée à la Rdc ? Et le ministre de l’Industrie de rappeler qu’il y a quelques temps, la Rdc venait de présenter par le Gouvernement au niveau du Parlement la loi de programmation militaire qui prévoit 1 milliards de dollars affectés au système de défense de la Rdc. Et vous vous rendez-compte que si on n’avait pas levé cette mesure, on n’allait pas utiliser ce milliard pour augmenter la capacité militaire des FARDC. Maintenant que cette mesure est levée, ça va nous permettre de nous adresser aux entités qui fabriquent les armes pour équiper notre armée, la professionnaliser, avoir des instructeurs qui viennent de partout à travers le monde, pour que la Rdc reprenne sa place dans la région des grands Lacs.

« Je crois que la communauté internationale a compris qu’en donnant la mission au Rwanda pour stabiliser la région des Grands Lacs, ça n’a pas tenu, parce que le poids du Rwanda ne peut pas supporter tout le poids de la région des Grands Lacs. C’est important aujourd’hui pour que la belle part revienne à la Rdc pour qu’elle régule la situation de paix en rupture totale. Parce qu’on a donné cette mission à quelqu’un qui n’avait pas la capacité, c’est important aujourd’hui que la Rdc reprenne sa place, qu’elle construise son système de défense et que sans avoir la prétention d’attaquer quiconque, puisse asseoir la paix dans la région, en éradiquant les groupes armés aussi bien locaux qu’étrangers, pour que les voisins et nous-mêmes, nous puissions construire durablement nos économies, le pont de paix qui nous permettrait d’avoir les échanges commerciaux libres, comme dans d’autres espaces, à l’instar de l’Union européenne », pense le ministre congolais.

Qu’est-ce que le Gouvernement a fait ?

Julien Paluku répond qu’il s’agit de déconstruire le mensonge qui avait élu domicile dans la région des Grands Lacs. Vous savez, le génocide rwandais que nous condamnons tous a aveuglé toute la communauté internationale au nom de la compassion internationale. C’est ainsi que tous les actes du régime de Kigali qui étaient commis dans la région des Grands Lacs n’étaient pas perceptibles parce que tout le monde se couvraient derrière la compassion internationale. Maintenant qu’on a dévoilé cela par une diplomatie offensive, au niveau du président de la République lui-même qui était sur la première ligne de front, de tous ses ministres, je crois que finalement, on a dévoilé la situation et au niveau international, on a compris que la crise congolaise est plus importée. Parce que le Rwanda est composé de 6 provinces. Aucun chef-lieu de ces provinces n’a été sous contrôle d’un groupe armé. Comment est-ce que la communauté internationale a été bernée comme ça, pendant 18 ans, en considérant que le Rwanda était menacé, contrairement à des entités congolaises qui étaient régulièrement occupées par les unités rwandaises ?

Cette compréhension a été dévoilée sur le plan international et les gens se rendent compte que nous étions floués pendant des dizaines d’années. « Ma satisfaction est qu’à chaque fois que la communauté internationale est informée du drible qui lui a été fait, elle reprend sa conscience et elle agit, comme c’est le cas de la levée de cette notification ; qui va recréer l’équilibre des forces au niveau de la région des Grands Lacs, ainsi qu’aucun Etat ne puisse se considérer comme ayant une supériorité sur la Rdc. Mais désormais, que nous puissions traiter d’égal à égal comme des Etats souverains, avec des outils de défense qui sont solides et forts pour assurer la paix et la sécurité », note-t-il.

Que faire à l’immédiat ?

Pour Julien Paluku, les questions de défense et sécurité, on ne va pas les dévoiler tout de suite. Il faut seulement observer ce que le Gouvernement va faire. Des stratégies militaires vont être montées non pas contre un pays, mais pour protéger nos richesses pour protéger l’intégrité du territoire et assurer la paix et la sécurité à tous les Congolais, surtout en cette année électorale. Les gens devront aller aux urnes dans une paix totale.

A quand le retour de la paix ?

Le processus de paix est très long, rétorque le ministre congolais de l’Industrie, avant d’ajouter qu’il ne vient pas comme par un coup de baguette magique. Ce ne pas, parce qu’on a levé le régime de notification que la paix vient demain. Il faut construire un ensemble d’écosystèmes qui va amener cette paix. C’est qui est important, ce que désormais la Rdc peut s’adresser à tout fournisseur et par la suite, il pourra faire des rapports sur ce qu’il a pu avoir.

Lorsque vous lisez la résolution, on parle d’un rapport confidentiel. Il n’y a pas une exigence pour la Rdc ou un préalable pour la Rdc de faire ce rapport là avant l’achat des armes. Il n’y a plus l’obstacles pour la Rdc d’acheter les armes. Le rapport ne constitue pas un préalable. Ce qui est nécessaire, que la Rdc puisse adresser à tout fournisseur et par la suite, il pourra faire le rapport sur ce qu’il a eu. Je crois que la victoire est une appropriation collective.

Pourquoi c’est la France qui présente ces deux résolutions ?

A cette question, Julien Paluku tranche : « Je ne pense pas qu’un pays se fasse payer par la Rdc, encore qu’on n’a pas les moyens », dit-il, tout en soulignant qu’effectivement, la compréhension de la crise dans la région des Grands Lacs est en train d’atteindre tous les salons au niveau international. Ces deux résolutions nous permettent d’apprécier la même compréhension. Maison on ne doit pas se limiter là.

Jean-Marie Nkambua

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