
Il a longtemps attendu pour présenter ses œuvres littéraires, lui, Tshibasu Mfuadi, diplomate de son état, a invité la crème en la salle des conférences du Ministère des Affaires étrangères pour enfin en parler devant un public éclectique. Ce samedi 24 septembre 2022, devant ses collègues diplomates, membres de famille et quelques invités de marque, les ouvrages « Le calvaire d’un diplomate du Congo-Zaïre », « Coutumes et traditions Baluba », «Dictionnaire de proverbes et locutions proverbiales Baluba» et « Oui, le Congo terre d’avenir est menacé » ont été reçus par la communauté scientifique via le professeur Mulumba, représentant la ministre de la Culture, Arts et patrimoine, après une présentation chaque livre.
« Kasala » pour un homme glorieux !
Pour son mot, l’auteur Tshibasu n’a eu du temps qu’à remercier ceux qui l’ont accompagné dans l’organisation surtout dans son parcours d’ambassadeur. Quelques témoignages ont précédé son intervention notamment celui qui dénonce le clientélisme dans la nomination des diplomates congolais depuis 2022 où la politique s’est mêlée dans la nomination.
Pour couronner le tout, un Kasala (tradition kasaienne, chants et poésie en l’honneur d’un vaillant) a été chanté en son honneur pour retracer son parcours de diplomate et d’auteurs de plusieurs ouvrages. Né en 1947, l’écrivain Tshibasu Mfuadi a été recruté dans le corps de diplomates congolais depuis mai 1976. Depuis lors, il a représenté son pays respectivement à Dakar (Sénégal), à Nouakchott (Mauritanie), Monrovia (Liberia) et au Caire (Égypte).
« Le calvaire d’un diplomate du Congo-Zaïre »
Le « Grand Congo» a donné l’illusion fugace d’un Etat riche et prospère -clinquant -, dont la diplomatie s’articulait sur 3 axes – neutralisme « positif », vocation « africaine », recours à l’« authenticité » (« bantu »). Nombre de jeunes diplômés congolais s’y sont laissé prendre en entrant dans la carrière de Haut Représentant du pays à l’extérieur. Cette charge honorable va s’avérer un calvaire pour la plupart d’entre eux, car la faillite de l’Etat qu’ils servent est déjà en marche.
Omnipotence des services secrets mobutistes, incompétence et irresponsabilité des « hommes du Maréchal », coterie tribale et clientélisme au Ministère des Affaires étrangères… : outre ces tares et bien d’autres encore, le non-paiement des salaires entraîne la paupérisation relative puis absolue des chancelleries zaïroises. Ce pays « scandaleusement » doté, dont les largesses du Chef Suprême sont si appréciées en Occident, affiche dès lors des ambassades honteuses, avec des diplomates et leur famille réduits à la mendicité quand ce n’est pas pire… En mai 1997, le nouveau Pouvoir à Kinshasa rebaptise le pays en « République démocratique du Congo», mais les changements tardent encore malgré quelques avancées….
Après un poste bénéfique à Dakar, c’est l’enfer à Nouakchott puis la résurrection possible à Monrovia… L’auteur conclue par une série de recommandations pour que l’État congolais se ressaisisse et assume enfin dignement sa représentation à l’étranger.
« Coutumes et traditions Baluba »
Les Baluba constituent l’un des grands ensembles ethniques de l’Afrique Noire. Répartis sur un vaste territoire compris dans la R-D Congo (l’ancien Zaïre), ils ont leur manière de penser, d’agir, de se comporter, qui obéit à un ensemble de règles et de lois non écrites fixant ce qu’il est bon (ou mauvais) de faire au sein du diku – le groupe familial. C’est ainsi que sont vécus les mariages, les décès, les naissances, les attitudes des cadets à l’égard des aînés et réciproquement, les rapports entre parents et enfants, les relations à Dieu et aux Ancêtres.
Les coutumes Baluba ont été influencées par les cultures voisines ou plus lointaines, mais le fonds est resté quasiment inchangé. Par exemple, la dot garde sa valeur culturelle et demeure la garantie du mariage. L’adultère d’une femme mariée provoque des bibindi lourds de conséquences pour elle-même, ses enfants et son mari. La sanction de la violation des normes traditionnelles se réalise à travers l’action punitive des Ancêtres, juges infaillibles.
En décrivant le mode de vie des anciens Baluba, en l’illustrant par de savoureux proverbes, l’auteur a voulu donner aux enfants nés ou élevés hors du milieu traditionnel en ville ou à l’étranger la possibilité de connaître et d’apprécier les valeurs de leurs aînés afin de les transmettre à leur tour aux générations suivantes.
« Dictionnaire de proverbes et locutions proverbiales Baluba»
Nos ancêtres méritent notre admiration, notre respect et notre gratitude, non seulement parce que nous sommes leurs descendants, mais aussi et surtout pour le code de bonne conduite qu’ils ont légué à la société, un code constitué de formules et conseils nécessaires à une existence heureuse et durable.
Cet indispensable héritage continue d’intéresser les générations qui se succèdent : chaque individu sert de courroie de transmission d’une culture non écrite et cherche à en avoir la maîtrise, pour apparaître aux yeux des autres comme un sage, à même d’œuvrer pour le maintien ou la restauration d’une bonne harmonie entre les gens.
C’est en mesurant l’importance et la profondeur de ces maximes qu’il a paru opportun à l’auteur de cet ouvrage de tenter de les réunir, avec quelques explications, à l’intention de ceux qui voudraient mieux les connaître ou en faire éventuellement usage. Ce recueil dénote la détermination d’un diplomate de carrière qui, après avoir côtoyé civilisations et cultures des peuples afro-arabes, n’a pas hésité à s’investir pour mettre à jour certaines études liées aux coutumes, traditions, proverbes et locutions proverbiales baluba.
« Oui, le Congo terre d’avenir est menacé »
La République démocratique du Congo est un vaste et riche pays d’Afrique centrale. Son sol et son sous-sol regorgent d’importantes ressources naturelles qui, si elles étaient rationnellement mises en valeur et gérées rigoureusement, pourraient lui permettre de se développer rapidement et de jouer un grand rôle dans le concert des nations.
Les ressources du Congo sont convoitées par d’autres peuples du monde qui jurent par son éclatement en plusieurs entités nationales, en vue de mieux en tirer profit. Par égoïsme aveugle ou inconscience insoutenable, certains de ses fils et filles pactisent avec des forces étrangères, pour satisfaire leurs intérêts personnels, ignorants des objectifs cachés de ces forces qui visent principalement la balkanisation de leur pays en plusieurs entités faciles à dominer.
L’auteur du présent ouvrage appelle ses compatriotes à s’organiser face aux menaces guettant le Congo, d’où qu’elles viennent, à prendre collectivement et individuellement conscience de leur responsabilité vis-à-vis de leur nation, en combattant les tares qui gênent leur action commune et rongent leur société, à travailler avec acharnement à l’amélioration du niveau de vie de la population congolaise et à son épanouissement, dans la cohésion nationale de ce pays où il fait bon vivre.
Onassis Mutombo
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