Prof Nicot Omeonga parle de la gouvernance, corruption et des élections en RDC

Se confiant à une chaîne de la place, le Prof. Nicot Omeonga a planché notamment sur la gouvernance locale, les élections et la lutte contre la corruption en RDC.

Donnant son point de vue sur la corruption, ce fléau qui domine la gouvernance en RDC et l’on a tous suivi l’ambition exprimé par le chef de l’Etat d’élaguer ce fléau, le Prof Nicot Omeonga a estimé nécessaire de démontrer d’abord c’est quoi la corruption ? Et de répondre : ‘’C’est cette action qui consiste à détourner un homme ou une femme de son devoir pour l’engager à poser des actes contre l’honneur, contre la loi moyennant argent. C’est ce qu’on appelle la corruption. La corruption c’est aussi une gangrène qui mine notre pays, notre gouvernance et qui nous maintient dans la pauvreté. Mais puisque nous parlons de la corruption, le 09 décembre dernier déjà on a célébré la journée internationale contre la corruption. Mais il y a une institution qui s’occupe de cette question. ‘’Transparency international dans son dernier rapport, dans le volet indice de la perception de la corruption, je suis au regret de vous dire que sur 190 pays répertoriés, nous sommes parmi les 1O pays les plus corrompus du monde. C’est vous dire que cette gangrène qui mine notre économie, qui mine notre gouvernance nous maintient dans la pauvreté. On ne sait pas se relever parce que dans notre pays, le collectif Congo n’est pas à vendre. On nous a démontré il y a eu manque à gagner de l’ordre de 4 milliards de dollars quand on a cédé les concessions à Dan Gentler, l’état congolais a perdu au moins 4 milliards. Et pourquoi on a perdu ? C’est parce que à la base il y a eu des actes de corruption. Nous sommes dans un environnement cortège ne, toute l’administration est dans la corruption. La gouvernance aussi qui ne décolle pas. On ne sait pas relever et améliorer la qualité de vie de nos concitoyens parce qu’il y a un groupe des gens, des concitoyens qui sont dans des positions qui leur permettent de poser des actes corruption gènes qui ne permettent pas à l’état de récolter ce qui lui revient de droit. Et là, l’état est privé des moyens pour assumer son rôle et mener cette politique publique de manière à ce que les objectifs pour lesquels un état est censé faire, n’arrive pas à le faire. Loin d’être un pays pauvre, nous sommes un pays sous pauvre. Et l’une des raisons, c’est la corruption’’.

Comment arrêter ce fléau corruption ?

Prof Nicot Omeonga : ‘’Dans un état, le premier acteur important qui peut relever ce défi, c’est l’Etat. Qui est l’état ? Par l’état, on voit ses animateurs. Il se fait malheureusement dans notre pays, la politique telle qu’elle se pratique ici, n’est pas telle qu’elle devrait être. Parce que quand on parle de la politique, c’est cette noble responsabilité qu’a un acteur de remplir une mission qui lui ait assignée. Malheureusement ici, les charges publiques sont devenues des privilèges. Quand quelqu’un occupe un poste ministériel, occupe une fonction de l’état, il ne considère pas comme une responsabilité, il considère comme un privilège. Ça devient pour nous un signe de prédation. On ne peut pas comprendre que dans d’autres pays, quand quelqu’un arrive au pouvoir, c’est le moment qu’il doit maigrir davantage parce que la lourde charge qui lui incombe nécessite beaucoup des réflexions, beaucoup des sacrifices. Remarquer et observer tous nos dirigeants quand ils occupent des fonctions, en si peu de temps, dans six mois quelqu’un peut des mains bredouilles se retrouver millionnaire. Et ça, c’est ce qui participe à la corruption. Donc, la responsabilité première incombe à l’état. Mais au de-là de l’état, je pense que toutes les structures de socialisation, la première la famille. Déjà au niveau de la famille nous devons fomenter, donner une éducation qui peut encore résoudre ce défi. Préparer nos enfants de manière à ce qu’ils comprennent que la vie se construit sur le roc, par l’effort acharné. Mais il se fait malheureusement dans notre pays, même dans le milieu micro sociétale comme la famille, nous n’éduquons pas les enfants qui se complaisent dans le moindre effort. Mais l’école aussi, il faut lui donner des moyens qu’il faut que la citoyenneté responsable soit déjà inculquée. Que les enfants qui seront à l’université et qui sont préparés pour les charges publiques comprennent que les charges publiques ne sont pas des privilèges mais une responsabilité pour accomplir une mission régalienne qu’attend la population. En dehors de l’état, l’école il y a aussi les partis politiques. A ce niveau-là, j’ai toujours dit que les partis politiques sont aussi des structures de socialisation. Ce sont des universités par excellence qui forment des mandataires publics de l’état. Il faut qu’ils (partis politiques, organisations citoyennes) participent à la formation de manière que la citoyenneté responsable soit inculquée de manière que quand on arrive au pouvoir, on ne vient pas pour cueillir mais on vient pour accomplir une mission qu’on a sollicitée auprès de la population. Mais tout cela demande qu’on ait des institutions légitimes et des acteurs politiques crédibles’’.

Des élections

Prof Nicot Omeonga : ‘’En démocratie, la bonne manière d’accéder au pouvoir passe par les suffrages (élections). C’est les souverains primaires qui doivent sélectionner les meilleurs d’entre nous pour occuper les fonctions régaliennes. Et quand je parle des meilleurs d’entre- nous, ce n’est pas seulement ceux qui ont la compétence, le niveau intellectuel requis, mais au de-là de ça, il faut l’intégrité. Donc, à ce jour nous avons besoin des techno-politiques, des gens qui savent allier l’éthique à l’expertise pour donner le meilleur d’eux-mêmes. Parce que si nous nous focalisons seulement sur la compétence et le savoir-faire, sans y mettre le savoir-être et le savoir communiquer, je crois que nous ne sortirons pas de l’auberge. Ce n’est pas normal qu’après 62 ans d’existence en tant qu’état, que nous continuons toujours à occuper la queue quand il s’agit de la gouvernance intègre. Pour qu’il y ait gouvernance, on a besoin des acteurs politiques intègres et des acteurs institutionnels intègres. S’il n’y en a pas comme c’est le cas aujourd’hui, ce sont les barbares qui occupent toute l’espace politique et institutionnel, je crois que la question de la corruption risque de ne pas être  abordé et relevé comme ça se doit parce que les gens qui sont appelés à le relever ne sont pas toujours à la hauteur des enjeux’’.

Antoine Bolia       

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