
Dans un communiqué de presse de l’ambassade de Norvège daté du 30 septembre 2022, la représentation diplomatique avait réagis pour porter des précisions aux informations relayées dans la presse locale concernant l’arrivée, le 29 septembre 2022 par l’aéroport international de N’Djili, de quatre policiers détenant des armes de guerres. Pour les scandinaves à Kinshasa, « c’est dans le cadre de leur mission officielle de protection des autorités norvégiennes en dehors de leur pays que ces policiers sont venus en République démocratique du Congo avec des matériels de sécurité préalablement déclarés auprès des autorités congolaises ». L’ambassade norvégienne a pris également soin de préciser « qu’aucun policier norvégien n’a été arrêté, ni détenu par l’autorité congolaise à l’aéroport de N’Djili pour situation irrégulière ».
Ce fake-new faisant état de « l’arrestation des policiers norvégiens  pour situation irrégulière », a été le déclic d’une vague de chasse aux sorcières par ‘délit de faciès’ contre des fous et autres personnes suspectes avec une certaine morphologie. D’un endroit à l’autre, des nouvelles d’arrestations des ‘rwandais infiltrés‘ faisaient courir des curieux sans nécessairement les apercevoir. A Tshangu, dans la partie Est de la capitale congolaise, les habitants ont vécu des scènes qui ont rappelé les événements consécutifs  à l’invasion déjouée des rebelles pro-Rwandais qui s’étaient attaqué sans succès, en août 1998, à l’aéroport international de N’Djili après que le Président Laurent Désiré Kabila ait demandé aux troupes rwandaises de retourner  chez eux, après qu’ils aient aidés le tombeur de Mobutu à conquérir la magistrature suprême. La chose n’avait pas plus au Rwanda qui caressait l’espoir d’instrumentaliser Kabila, mais  n’arrivait pas à le manipuler pour leurs objectifs occultes.
Il s’observe depuis un certain temps, particulièrement à l’approche des festivités de fin d’année, une résurgence des messages faisant état d’infiltration de la capitale par des rebelles déguisés en fous et autres découvertes des soi-disant dépôts d’armes découverts dans tel ou tel endroit ainsi que dans des résidences privées de certains responsables en connivence avec l’ennemi.
Ballon d’essai de l’ennemi ou diversion pour la manipulation des masses ? Difficile d’y répondre, mais pour le Général Kasongo, Commissaire divisionnaire de la police nationale ville de Kinshasa ce vendredi 30 septembre, « l’instrumentalisation est une mauvaise chose. Les Rwandais ne sont pas nos ennemis, les ennemis rwandais sont connus », qui s’est attaqué aux nouvelles qui circule sur les réseaux sociaux. Elle fait suite à la publication sur internet d’une vidéo d’interpellation d’une personne supposée rwandophone dans la ville de Kinshasa. La nuance est surement de taille, « Les rwandais ne sont pas nos ennemis, les ennemis rwandais sont connus »,  certains compris que la ‘population rwandaise’ n’est pas l’ennemi de la RDC mais ‘les rwandais’ de la maffia internationale des prédateurs du Congo.
Ce qui fait que la Général Sylvano Kasongo a  exhorté  la population à dénoncer auprès des services de sécurité, des cas suspects et d’avertir que la Police arrêtera toute personne qui s’attaquerait à un individu à cause de sa morphologie apparentée à celle des Rwandais.
La déstabilisation de la Rdc est un fait mais nécessite de la lucidité
Si l’arrivée le vendredi 29 septembre 2022 des quatre policiers norvégiens avec matériels de sécurisation d’un représentant de haut niveau venu par invitation du gouvernement congolais participer aux travaux de la Précop 27 à Kinshasa est dans la régularité, il y a quand même des indices qui ont fait germer des doutes dans le chef des Congolais quant au danger de déstabilisation du pays pour laisser le Rwanda envahir le Congo par plusieurs axes, à l’est, au nord et à l’ouest. Â
Le rapprochement diplomatique et économique entre Brazzaville et Kigali avec la vente des terres du pays de Sassou Guesso aux Rwandais pour les activités agro-pastorales, pratiquement au moment de l’ouverture des vols Rwandair, avait déjà suscité les inquiétudes des observateurs.
« Le choix stratégique de se rapprocher de Kinshasa par Brazzaville alors que toutes les troupes qui viennent des différents coins peuvent facilement atteindre Brazzaville à pieds et faire jonction pour une concentration des forces , ou soit évoluer séparément pour jouer la diversion et concentrer un seul axe comme effort principal pour entrer dans Kinshasa ( que ce soit celles qui entre par l’île de singe dans l’équateur , celles de Bandundu ou de la province du Kongo central ) … Tout cela démontre à suffisance la campagne rwandaise pour la déstabilisation des institutions et l’exécution de la balkanisation ».
Rappelant le  revirement du Chef d’Etat-major général des FAC (Forces armées congolaises), James Kaberebe et d’autres officiers rwandophones ( considérés comme congolais banyamulenge)  en août 1998, beaucoup de Congolais faisaient déjà des rapprochement avec l’implantation des fermes dans le Bandundu par des officiers généraux et quelques politiciens de la même communauté linguistique, suivie de la présence des fermiers  ‘banyamulenge’ munis de leurs bétails sous prétexte de venir vendre la viande de bÅ“uf au prix bon marché.
Cela coïncida avec la nomination d’un Général de la même communauté en qualité de  commandant région dans le Bandundu qui fait dire aux uns que cela risquerait de faciliter  des infiltrations et l’installation des tutsi dans le Bandundu, la porte pour Kinshasa. D’autres évoquent la prédominance des éléments proches du Rwanda dans le Centre de Kitona avec des déploiements dans Mbanza-Ngungu. Et la nomination d’une rwandaise comme chef de mission de l’ONU en République centrafricaine et l’envoi à répétition des troupes Rwandaises en RCA à la frontière avec la RDC dans l’équateur rajoute, à tort ou à raison, réveille des suspicions. Â
Trop de coïncidences… Il importe donc à Kinshasa d’être lucide et à la population de ne pas se laisser instrumentaliser et de verser dans la stigmatisation aveugle. Que le Rwanda ait envahi la RDC sous masque du M23, est un fait, mais de là à traumatiser la population par « un démon rwandais qui hante le grand Congo », cela relève de la diversion. L’ANR est bien outillée pour faire son travail dans la discrétion, et la police de sécuriser la population et ses biens, loin des projecteurs qui risquent d’éblouir puis aveugler la population au risque d’oublier Bunagana et les enjeux de l’heure.
Willy Makumi Motosia
Â
Leave a Comment