
Le dimanche 11 septembre courant, la commune de Selembao a accueilli une matinée d’échanges avec la coordination de la jeunesse de l’Ecidé-Funa. L’objectif était de réévaluer la situation sécuritaire à l’Est du Congo et à Kwamouth, dans la province du Mai-ndombe. Mais aussi, la résurgence du phénomène Kuluna à Kinshasa, ce, avant de faire un aperçu sur le processus électoral en cours, et l’injustice sociale en RDC.
Compte tenu des enjeux politiques, sécuritaires et socioéconomiques de l’heure en République démocratique du Congo, Michael Ikona, le coordonnateur de la jeunesse de l’Ecidé/Selembao, a pris part à cette matinée d’échange organisée à Selembao. C’était pour permettre à la base de ce parti cher à l’opposant Martin Fayulu d’avoir une idée sur le déroulement du processus électoral, la guerre et les troubles fatidiques que connait la RDC, etc.
C’est un exercice de routine pour ce « vaillant soldat du peuple » et désormais, la nouvelle figure de la jeunesse montante de la politique congolaise. Pour lui, c’est aussi en réalité une exigence à la construction ou à la consolidation d’une démocratie participative. L’exigence à laquelle Michael Ikona fait allusion est une énergie qui doit nourrir les trois fondements du développement de la jeunesse : productivité, connectivité et maîtrise de son destin.
Dans sa prise de parole, Michael Ikona a parlé de la géographie sécuritaire de l’Est de la RDC qui fait état d’une réalité funèbre des congolaises et congolais. Il a dressé la chronologie de cette guerre, de 1996 à nos jours, tout en déplorant l’activisme des groupes et forces armés qui tuent et calcinent, violent et pillent les ressources naturelles de la RDC à cause de l’irresponsabilité du gouvernement congolais et, subsidiairement, des faiblesses de la diplomatie onusienne plus ou moins inadaptée aux réalités politico-sociales de l’est de la RDC.
Selon Michael Ikona, une diplomatie de dialogue a prouvé ses limites pour la protection de la vie et de la dignité humaine face aux multiples exactions à Djugu, Mambasa, à Beni, Mutarule, Walikale, Kabare et ailleurs. Pétri de nationalisme, le coordonnateur de la jeunesse de l’Ecidé/Selembao se pose la question de l’efficacité des forces armées qui font parties de la brigade spéciale qui doit se déployer incessamment dans l’Est de la RDC.
D’autant plus que, souligne-t-il, certains éléments de ces contingents sont impliqués aux côtés des groupes armés qui déstabilisent la RDC. Seront-elles juge et partie ? s’exclame-t-il.
Les autorités compétentes appelées à ramener la paix à Kwamouth
Michael Ikona a également abordé la question des affrontements interethniques entre les autochtones Teke et leurs voisins Yaka dans le territoire de Kwamouth. Lesquels ont déjà fait plus de 40 morts depuis leur début. Ainsi, a-t-il appelé les autorités congolaises à résoudre ce louche conflit à la porte de Kinshasa.
La résurgence du banditisme urbain avec des gangs communément appelé « Kuluna » devient inquiétante pour la population kinoise, a indiqué Michael Ikona. Pour répondre à la violence de ceux derniers, la répression policière ne vient pas à bout et les patrouilles policières ne sont plus fréquentes, a-t-il déploré. Il a aussi expliqué que l’inaccessibilité de certaines zones dangereuses empêche la chasse aux délinquants.
Poursuivant son speech, Michael Ikona soutient en outre que, à cause de la corruption qui ronge plusieurs secteurs de la vie nationale congolaise, la magistrature ne va que très rarement au bout de son action, remettant souvent en liberté des criminels endurcis et récidivistes qui s’empressent de terroriser à nouveau la population. « Cette liberté n’honore pas ceux qui sont lésés, et on se demande si cette coutume reflète une justice tournée vers la réhabilitation des délinquants ou simplement un prolongement de l’impunité. Dans ces conditions, on craint les dégâts que la délinquance juvénile pourrait nous réserver pendant la période électorale », regrette-t-il.
Denis Kadima appelle à plus de responsabilité
La RDC connaîtra les élections en 2023 si on respecte les dispositions légales. Michael Ikona s’est posée la question de savoir si les élections sont-elles essentielles à la démocratie ? La Déclaration universelle des droits de l’homme, à son art 21, al.3 dispose : « La volonté du peuple est le fondement de l’autorité des pouvoirs publics ; cette volonté doit s’exprimer par des élections honnêtes qui doivent avoir lieu périodiquement, au suffrage universel égal et au vote secret ou suivant une procédure équivalente assurant la liberté du vote ».
Pourtant le rapport entre démocratie et élections n’a pas toujours été une évidence. Les cycles des violences postélectorales et les rapports accablants de la situation des droits de l’homme en RDC au cours de deux dernières décennies illustrent mieux l’évidence de la démocratie comme valeur dans les élections.
Le coordonnateur de l’Ecidé/Selembao a fait une analyse objective auprès de sa base, de trois fréquences électorales que la RDC a connu depuis l’avènement de l’Accord de Sun city, en insistant sur l’expression une vraie volonté politique des acteurs détenteurs des parcelles de pouvoir pour que nous ayons des élections libres, transparentes et apaisées en 2023. Il a par ailleurs exhorté le président de la CENI, Denis Kadima à plus de responsabilité.
En dernier lieu, Michael Ikona a exprimé son désarroi face à l’injustice sociale, depuis la révélation des émoluments des députés nationaux par Martin Fayulu Madidi. Face aux risques de l’existence, maladie ou chômage, auxquels sont exposés la population congolaise, celui-ci n’a pas contenu ses larmes lorsqu’il a abordé cette question devant sa base de Selembao.
En RDC, la politique sociale est dépourvue de vitalité et reflète alors l’échec du concept « redistribution de la richesse publique ». Nous pouvons lire dans l’œil du politique congolais cette impuissance à penser et à agir pour un Congo plus juste et prospère. Il invite sa base à lui faire confiance aux échéances électorales à venir pour pouvoir changer les choses.
La jeunesse de l’Ecidé/Selembao a salué l’engagement de cette figure montante de la politique congolaise et voit en Michael Ikona, la nouvelle voix de la jeunesse congolaise. Elle a salué également Martin Fayulu Madidi pour son esprit d’ouverture à l’égard de la jeunesse. « Brisons la clause d’éternité qui nous lie avec la misère », conclut-il avant les dernières ovations.
Lepetit Baende et Fiston Loombe Iwoku
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