Situation à l’Est du pays : La Rdc fustige le manque d’avancées

A travers M. Christophe Lutundula, Vice-Premier ministre, et ministre des Affaires étrangères, la Rdc constate que la situation dans l’Est n’a guère évolué positivement, en dépit de recommandations de votre Conseil. De même, fustige-t-il, ni les forces rwandaises ni les terroristes du M23 ne se sont retirés de la province du Nord-Kivu. Aussi, il reste que les Chefs rebelles du M23 et les autorités rwandaises tournent en dérision les différents instruments de solution issus de deux processus de paix. Et termine par rassurer qu’il n’y a pas de crise entre la RDC et l’ONU.

Dans sa communication faite à la réunion virtuelle du Conseil de Paix et de Sécurité de l’Union africaine, Christophe Lutundula, Vice-Premier ministre et ministre des Affaires étrangères a rappelé que le Conseil avait demandé à la Commission de l’Union Africaine de continuer à soutenir les efforts internes et des pays voisins pour faire face à la résurgence de l’insécurité déclenchée par les activités des groupes armés, dont le mouvement terroriste M23, ressuscité dans la province du Nord-Kivu, à l’Est de la RDC depuis novembre 2021, par la République du Rwanda dont l’armée est entrée sur le territoire congolais par la force le 24 mai 2022, en violation flagrante de l’intégrité territoriale et de la souveraineté de notre pays.

Depuis lors, constate le patron de la diplomatie congolaise, la situation n’a guère évolué positivement, en dépit de recommandations du Conseil et des positions fermes prises par la Commission de l’Union Africaine et le Conseil de Sécurité des Nations Unies qui ont condamné unanimement la résurrection du M23 et ses attaques contre les positions des Forces Armées de la RDC, FARDC, et exigé son retrait sans conditions des localités congolaises occupées.

Et de poursuivre qu’à ce jour, ni les forces rwandaises ni les terroristes du M23 ne se sont retirés de la province du Nord-Kivu. « Ils mènent fréquemment des incursions militaires pour conquérir d’autres espaces territoriaux en Rdc, provoquant ainsi des tragédies humaines notamment par des tueries, des déplacements forcés massifs des populations, les viols des femmes et autres violations graves des droits de l’Homme, sans compter le pillage de leurs biens au mépris de la Charte des Nations Unies, de l’Acte constitutif de l’UA et du droit international humanitaire », dit-il.

Afin de mettre fin à ces tragédies, de restaurer la paix et la sécurité à l’Est de la RDC et de promouvoir la coopération ainsi que le développement socioéconomique dans la Région des Grands Lacs, la Communauté de l’Afrique de l’Est et l’Union Africaine ont pris des initiatives politiques et diplomatiques en cours d’exécution. Il s’agit, d’une part, du « processus de Nairobi » placé sous le leadership conjoint du Président sortant du Kenya, Uhuru Kenyatta, et du Président de la RDC, Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo et, d’autre part, du « processus de Luanda » conduit par le Président angolais Joao Gonçalves Lourenço, mandaté par le 16ième Sommet extraordinaire des Chefs et de Gouvernement de l’UA tenu à Malabo, le 28 mai 2022, sur le terrorisme et les changements anticonstitutionnels des gouvernements.

Cependant, il reste que les Chefs rebelles du M23 et les autorités rwandaises tournent en dérision les différents instruments de solution issus de deux processus de paix ci-dessus et les appels répétés des instances internationales à la cessation des hostilités et au retrait de leurs troupes du territoire congolais ainsi qu’au respect de l’intégrité territoriale et de la souveraineté de la RDC. Ils n’entendent point leur donner une suite quelconque.

C’est pourquoi, il est impérieux et urgent d’appliquer les principes énoncés dans les communiqués de deux conclaves des Chefs d’État de la CAE à Nairobi et dans celui du Conseil de sécurité de l’ONU du 2 juin dernier, et de réaliser les actions prévues dans la feuille de route de Luanda, afin d’ouvrir des vraies perspectives d’une paix, d’une sécurité et d’une stabilité durables à brève échéance à l’Est de la RDC et dans la Région des Grands Lacs. Il y va de la crédibilité de l’ONU, de l’Union Africaine, des Communautés régionales africaines et des dirigeants africains tant aux yeux de populations africaines que des autres nations du monde.

Un environnement propice pour le dialogue

En outre, il est nécessaire de créer un environnement approprié et les conditions de retour de la confiance mutuelle entre les parties prenantes, plus spécialement entre la RDC et le Rwanda afin de favoriser un dialogue sincère, constructif et fructueux ; ce qui implique forcément : le retrait immédiat et sans condition du M23 des localités occupées ; La cessation immédiate et sans condition des interventions militaires rwandaises sur le sol congolais et de son soutien au M23 ; Le retour des personnes déplacées à leurs domiciles ; Le déploiement rapide de la Force régionale Est-Africaine.

Le retrait du M23 et la cession des activités guerrières du Rwanda requièrent des mesures coercitives de la part de la communauté internationale, en particulier de l’UA et des communautés régionales précitées contre eux.

Lutundula rappelle que le récent rapport des experts de l’ONU sur la crise sécuritaire dans la province congolaise du Nord-Kivu le justifie assez et souligne davantage la nécessité d’une telle action, car il apporte de la lumière non seulement sur l’ampleur du préjudice subi par les populations congolaises des zones envahies par l’ennemi, mais aussi sur les responsabilités du Rwanda dans cette crise en confirmant, preuves à l’appui, l’agression de la RDC par ce dernier du fait des attaques menées directement par ses forces armées contre les FARDC sur le territoire congolais et du soutien en matériels de guerre et en hommes des troupes apporté au M23.

Ce rapport met ainsi fin aux dénégations des autorités rwandaises sur l’implication de leur pays dans l’insécurité et la déstabilisation de la RDC. Il devra permettre d’attaquer le mal à la racine et de le guérir durablement. C’est une pièce importante du dossier à laquelle l’Union africaine, plus particulièrement sa Commission et son Conseil de Paix et de Sécurité ne peuvent pas se désintéresser.

A travers le CPS, la RDC demande à l’UA d’appuyer sa démarche auprès du Président du Conseil de Sécurité de l’ONU afin d’obtenir l’examen de ce rapport dans le plus bref délai pour dégager toutes les leçons qui s’imposent et sanctionner le Rwanda et les dirigeants du M23 dont, du reste, certains sont toujours sous sanction depuis 2013.

En effet, il serait incompréhensible et inadmissible, voire scandaleux que les Nations Unies et l’Union Africaine gardent silence et soient indifférentes à la violation aussi grave des règles fondamentales qui président aux relations entre les États et consignées dans leurs Actes fondateurs, à savoir le respect de la souveraineté et de l’intégrité territoriale des États et la non-ingérence dans leurs affaires intérieures.

« Notre pays sollicite aussi le soutien de l’Afrique à sa requête de la levée par le Conseil de sécurité de l’ONU de l’embargo injuste qui le frappe en réalité sous le couvert de l’obligation de déclarer au Comité des sanctions ses achats d’armes et munitions. Est-il logique, en effet, d’imposer une telle contrainte à un État en guerre que l’on prétend soutenir sans l’affaiblir et lui priver des instruments de sa sécurité et de sa stabilité ? »

Il n’y a pas de crise entre la Rdc et l’ONU

C’est dans ce contexte des contradictions de la communauté internationale exacerbées par l’enlisement de la Mission des Nations Unies pour la stabilisation du Congo, MONUSCO et certaines maladresses de communication, que les Congolais déçus ont exprimé leur ras-le-bol contre celle-ci et exigé son départ de la RDC. Cette tension a atteint son paroxysme le 31 juillet dernier par suite de l’incident grave survenu à Kasindi, au Nord-Kivu, lorsque des militaires d’intervention rapide de la MONUSCO en provenance de l’Ouganda ont tiré sur la population, causant plusieurs morts parmi les civils.

A cet égard, le VPM Lutundula, au nom du Chef de l’État Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo et du Gouvernement de la République, réaffirme qu’il n’y a pas de crise entre la RDC et l’ONU.

Seulement, explique-t-il, au-delà des faits et en dépit de la peine qu’ils nous causent, autorités congolaises et responsables de la MONUSCO, nous devons décrypter froidement le message du Peuple congolais et réfléchir profondément sur la pertinence du mandat actuel de la MONUSCO et l’utilité de ce mécanisme de paix plus de 20 ans après sa création.

C’est pourquoi, le Gouvernement congolais a décidé de réévaluer prochainement le plan de retrait de la MONUSCO convenu en application de la Résolution 2556 du Conseil de Sécurité de l’ONU afin de procéder aux ajustements requis pour un retrait responsable et une meilleure harmonie avec le Peuple congolais. Cette réévaluation indispensable se fera bien sûr selon les modalités fixées ensemble avec les responsables de la MONUSCO.

Jean-Marie Nkambua

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