
«Comme c’est souvent le cas, nous avons passé beaucoup de temps aujourd’hui à parler de solutions militaires à un problème politique», a déclaré l’ambassadeur Robert Wood, Représentant alternatif pour les Affaires politiques spéciales dans son intervention du 26 octobre 2022 au Conseil de sécurité de l’Onu ! Pour Washington, ce problème politique est la tenue des élections en Rdc. Dans ce communiqué, l’Administration Joe Biden rappelle ses contributions financières au processus électoral 2023…
 La carotte avant le bâton !
Comme d’habitude, les autorités congolaises se contentent depuis hier des propos flatteurs contenus dans le communiqué de presse publié le 27 octobre 2021 par l’ambassade des États-Unis avec comme consigne « Pour Distribution Immédiate », communiqué donnant la position de l’Administration Joe Biden après une séance de travail au Conseil de sécurité de l’Onu consacrée la veille à la situation en RDC et dans la sous-région des Grands Lacs.
Dans ce document intitulé «Allocution lors d’une réunion du Conseil de sécurité de l’ONU sur la région des Grands Lacs », l’ambassadeur Robert Wood commence par remercier l’envoyé spécial Xia et souhaiter la bienvenue aux représentants de l’Afrique du Sud, du Burundi, du Rwanda et de la RDC présents à cette réunion.
Il relève que « La stratégie régionale des Nations unies pour les Grands Lacs est un moyen important d’instaurer la paix dans la région».
Appréciant « également le fait que l’envoyé spécial utilise ses bons offices pour susciter un soutien international au processus de Nairobi», Robert Wood note, toutefois, qu’« En dépit de ces initiatives, la situation humanitaire et sécuritaire dans la région des Grands Lacs reste profondément préoccupante», allusion faite aux attaques perpétrées par les groupes armés Daech-RDC, CODECO et M23 qu’il accuse formellement d’avoir « tué plus de deux mille civils cette année ».
Il souligne que « Ces violences sont inacceptables, et les États-Unis exigent des groupes armés qu’ils mettent fin à leurs attaques contre les populations les plus vulnérables de la RDC».
Mieux, son pays appelle aussi « les acteurs étatiques à cesser de soutenir ces groupes, notamment l’aide apportée par les Forces de défense rwandaises au M23».
Dans les lignes suivantes, l’administation Joe Biden renouvelle son soutien à la Monusco dont le rôle, rappelle-t-elle, reste essentiel* pour le retour à la paix à l’Est de la RDC.
Après les condoléances présentées à la famille du casque bleu pakistanais, Roger Wood se désole de constater que « La rhétorique anti-MONUSCO augmente le risque déjà important pour les Casques bleus ».
Préoccupés par les appels à son retrait immédiat, les Etats-Unis exhortent « la RDC à travailler avec la MONUSCO en vue d’un retrait progressif, responsable et conditionnel, guidé par les critères du plan de transition conjoint ». Ils sont d’avis que « Personne ne plaide en faveur d’une présence permanente de la MONUSCO en RDC », mais cette présence, poursuivent-ils, « sert un objectif important qui rejoint les intérêts de la région des Grands Lacs dans son ensemble : protéger les civils, perturber les réseaux illicites et contribuer à stabiliser les institutions de gouvernance et de sécurité_ ».
Autre sujet abordé dans cette allocution : le déploiement de la Force régionale.
Pour l’administration Joe Biden, « Les États régionaux, de manière bilatérale et par le biais de la Communauté d’Afrique de l’Est (CAE), ont également déployé des soldats pour faire face à l’insécurité croissante dans l’est de la RDC».
Aussi, demandent-ils « aux dirigeants régionaux de veiller à ce que les forces bilatérales et multilatérales respectent les droits humains, donnent la priorité à la sécurité des civils et s’abstiennent de toute activité illicite, telle que l’extraction de ressources naturelles».
Les Américains sont donc pour une coordination entre les Fardc, la Monusco, les organismes du système des Nations Unies et les ONG pour compléter ce travail important.
 Certains proches de Felix Tshisekedi se félicitent des injonctions de Joe Biden à leur propre pays !
De cette belle construction phraséologique, on relève d’emblée un non-dit et un mal-dit. Le non-dit, c’est l’élimination de la Force régionale de la coordination Fardc-Onu-ONG. Pourtant, les paragraphes précédents évoquent effectivement son déploiement.
Le mal-dit, c’est le dépit exprimé par l’ambassadeur Roger Wood. Certainement, après avoir passé des heures à débattre de la question sécuritaire dans les Grands-Lacs avec en toile de fond l’agression rwandaise via le M23, il déclare : « Comme c’est souvent le cas, nous avons passé beaucoup de temps aujourd’hui à parler de solutions militaires à un problème politique».
De quel problème politique, s’agit-il ? Réponse de l’homme d’Etat américain : « il va de soi que l’instauration de la paix dans les Grands Lacs ne passera pas par la force. La paix dépend d’un processus politique, d’une volonté politique et de solutions politiques».
De quelles volonté et solutions politiques est-il question ? Il répond : « A cette fin, les États-Unis ont annoncé en septembre un financement supplémentaire de 13 millions de dollars pour soutenir un processus électoral transparent en RDC. Ce financement s’ajoute aux 10,75 millions de dollars que nous avons déjà alloués à cette initiative. Nous sommes impatients de voir se dérouler un processus électoral inclusif, qui se conclura par des élections libres et équitables ».
Et voilà finalement le lièvre levé*. Une façon ambiguë de dire aux Congolais : la balle est dans le camp de la RDC !
Après tout, s’il est question d’élections imminentes dans la sous-région, ce n’est ni en Ouganda, ni au Rwanda, encore moins au Burundi. C’est en RDC.
Pourquoi alors la RDC ? Réponse : « Renforcer les institutions démocratiques, rendre justice aux victimes, obliger les acteurs malveillants à rendre des comptes, respecter la souveraineté et l’intégrité territoriales des États et accorder la priorité aux civils sont autant d’éléments qui contribueront à instaurer la paix dans les Grands Lacs». Une façon sans ambiguïté de dire aux Congolais qu’on est loin des standards américains.
D’ailleurs, avec sa conclusion selon laquelle « Les populations de la région ne méritent rien de moins », le diplomate américain sait qu’il ne s’adresse pas à Yowerie Museveni et à Paul Kagame, moins encore à Evariste Ndayishimiye. Il s’adresse précisément à Félix Tshisekedi via le peuple congolais.
Et que font les proches du Chef de l’Etat congolais ? Ils applaudissent l’Administration Joe Biden de s’être exprimé clairement sur le soutien du Rwanda au M23, oubliant qu’en réalité, c’est un coup dirigé sur Kinshasa. Car réduire la question hautement sécuritaire pour la RDC à un problème politique n’est rien d’autre que préconiser le schéma des négociations.
Incroyable…
 Omer Nsongo die Lema
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