
Beaucoup d’observateurs ont compris pourquoi plus de 40 parlementaires ont décidé de soutenir la continuité du mandat de l’actuel Chef de l’Etat plutôt que la candidature de leur ancien leader Moise KATUMBI, annoncée récemment. Il ne s’agit pas en réalité d’une question de personne mais de l’intérêt du Congo.
Lorsque le pays est confronté à des défis aussi importants que son développement et sa stabilité pour ne pas dire sa survie, les choix politiques deviennent structurants.
C’est généralement le moment que choisissent les acteurs politiques dans des démocraties matures pour faire bloc autour de ceux qui incarnent les institutions pour délivrer un message fort aux prédateurs de la nation.
Nos dignes fils, toujours préoccupés par des positionnements personnels, choisissent généralement et paradoxalement des moments de tension comme celui que nous vivons aujourd’hui pour donner de la voix et étaler nos divisions parfois artificielles et futiles compte tenu des enjeux.
D’ailleurs, l’histoire de notre pays est ainsi faite. Souvent nos ennemis ont profité de la naïveté de nos hommes politiques pour nous déstabiliser. Cette histoire de l’Est du pays n’est qu’une des illustrations de cette faiblesse qui nous coûte très cher en vie humaine et en retard accumulé sur notre développement économique.
A partir de ce constat, la tentation est grande de vouloir accuser tous les acteurs politiques et si possible ceux qui sont aux affaires au premier rang desquels le Chef de l’Etat. Cela offre l’avantage politique de faire oublier ses propres responsabilités dans ce dossier et d’accabler celui qui n’a pourtant ménagé aucun effort pour corriger les énormes erreurs commises dans la gestion de ce dossier depuis 1996, date de la première agression rwandaise dans notre pays.
Cette façon de faire la politique avec beaucoup de démagogie en misant sur une certaine forme d’amnésie collective de la population qui pourrait se justifier dans un contexte diffèrent est assez difficile à comprendre aujourd’hui compte tenu justement des enjeux qui dépassent totalement les logiques purement politiciennes.
Pourtant s’il y a un moment où les hommes politiques doivent faire preuve de modération et d’unité, c’est justement quand la patrie est en danger. Curieusement, ceux qui se livrent à ces accusations faciles et fantaisistes oublient vite qu’ils ont eu à assumer de grandes responsabilités dans un passé récent dans notre pays et seraient bien en peine de rapporter à nos compatriotes le moindre fait d’armes ou de bravoure sur ce terrain si compliqué de l’Est du pays où les simplifications et les raccourcis ont montré d’énormes limites.
Ces acteurs politiques à la mémoire courte accusant le Président de la République de dérive autoritaire oublient même que dans nos rangs, au sein de l’hémicycle, certaines voix se sont levées pour demander des actions judiciaires contre ceux qui, hier, ont favorisé par action ou abstention la dégradation de la situation sécuritaire à l’EST du pays. Et c’est justement, ce Chef de l’Etat que l’on accuse d’autoritarisme qui a préféré résolument l’apaisement et a tourné son regard vers l’avenir plutôt que s’attarder sur un passé où la population sait pertinemment qui a fait quoi.
Et comme ces politiques, totalement téméraires, oubliant que l’excès dénature la pertinence du propos, continuent de se tromper de cible et accusent de plus belle le Chef de l’Etat, notamment d’externaliser notre armée comme pour mieux dissimuler leur propre responsabilité ou par soucis de protéger leurs vrais maîtres.
Mais cette accusation très grave passible de la cour martiale est juste odieuse et injuste, à moins que cela ne soit que l’illustration de la mauvaise foi de ceux qui espèrent détourner le Chef de l’Etat de son objectif de pacification de notre pays. Elle dénote d’une incroyable ignorance de la manière dont fonctionne une armée moderne sur le terrain et surtout démontre un profond mépris pour des populations qui en ont assez de souffrir et qui apprécient à sa juste valeur chaque moment d’accalmie et chaque résultat obtenu en attendant la victoire finale, qui sera à n’en point douter, l’œuvre de nos forces armées maintenant que certains obstacles sont levés.
Il n’existe pas de leadership sans intégrité
De la même manière que croire que l’on peut construire une armée républicaine, redevable et citoyenne en un temps record est un leurre et une utopie orchestré de mauvaise foi pour relativiser les énormes résultats déjà obtenus sur le terrain par le Chef de l’Etat. Sinon, certains de ceux qui parlent aujourd’hui de leadership, nous auraient laissé une telle armée plutôt qu’une ardoise financière sur des projets dont ils refusent que la justice connaisse aujourd’hui, criant à qui veut l’entendre à la machination, alors que si machination il y a, il serait tellement simple de le démontrer dans un procès public à charge et à décharge.
D’ailleurs d’autres affaires retentissantes ont démontré récemment que l’Etat de droit fonctionnait et qu’assumer ses responsabilités ne peut que renforcer ceux qui jouent le jeu de la transparence et de la démocratie car le leadership se conjugue avec l’intégrité qui en est la colonne vertébrale.
Si on croit en la démocratie, on ne cherche pas à délégitimer le choix du peuple
De la même manière que s’autoproclamer vainqueur d’une élection que l’on a perdu est une des formes les plus redoutables de défier la démocratie et semer les germes des futures divisions au sein de notre population en cherchant à en radicaliser une partie en flattant ses instincts revanchards contre une autre.
Ce mélange de genre qui ressemble à un pacte de désespérés devient encore plus détonant lorsqu’il va solliciter une grande personnalité afin qu’il appose sa signature sur un texte dont on connait la paternité aux vues des mensonges et des approximations.
Alors que va naître de cette démagogie ?
Certainement pas grand-chose car la vérité est têtue et l’histoire pour le moment est entrain de retenir que c’est Félix TSHISEKEDI qui a obtenu, grâce à sa diplomatie agissante, une résolution capitale des Nations Unies qui met fin à l’embargo déguisé qui pesait sur notre armée sous couvert d’autorisation préalable d’approvisionnement en arme.
Comment construire en trois ans ce que d’autres ont mis 21 ans à déconstruire ?
Ceux qui veulent créer un axe contre le Président de la République l’accusant de collusion avec l’ennemi savent pourtant que ce sont eux qui ont désorganisé l’armée jusqu’à sa ruine et que cette résolution obtenue de haute lutte par le Chef de l’Etat et son équipe est un jalon important pour la reconstruction de notre appareil militaire. La dernière visite du Chef de l’Etat à Kitona est une illustration de cette volonté et je crois que les chansons entonnées par nos combattants demandant des munitions fait écho en chacun d’entre nous.
Sauf que la bonne foi n’est pas justement le fort des politiciens qui sont prêts à tout, quitte à embarquer d’honnêtes personnes avec un discours démagogique destiné à distraire la population et son leader à un moment où l’intérêt supérieur de notre pays requière des choix différents face à un vrai risque de balkanisation.
Si aujourd’hui nos belligérants s’attaquent à nous de façon virulente, c’est bien la preuve que la donne a changé.
Ils ne se retrouvent plus comme c’était avant sous le règne de certaines exégèses d’aujourd’hui qui se perdent en conjectures et sont prêts à faire des alliances contre nature pour saper la détermination du Chef de l’Etat et Chef des armées que nous avons le devoir de soutenir par patriotisme.
D’autant que le système politique tel que nous l’avons conçu ces dernières années en République Démocratique du Congo ne permet plus une stabilité capable de garantir le développement harmonieux de notre pays et surtout son intégrité territoriale à cause des égoïsmes de nos politiciens qui ont perdu et la boussole et le sablier. Nous avons tendance à prendre des décisions sans tenir compte des circonstances imposées par les réalités du terrain ni l’intérêt supérieur de notre nation.
Les Congolais rêvent d’une armée forte, républicaine et redevable
Si bien que nous commençons à entendre ici ou là , nos compatriotes regretter l’époque du feu président Mobutu, qui en son temps faisait respecter l’intégrité territoriale et dont l’armée autre fois respectée a été méthodiquement et systématiquement affaiblie à partir de sa chute en 1997 lorsque l’on a commencé à substituer des militaires de métiers par des enfants soldats à peine instruits.
Mais avant de construire cette armée redoutable dans l’Afrique des années 70-80, notre Président de l’époque a dû mettre au moins 10 ans comme Chef d’état-major général puis comme Président. Et ce n’est que fort de cette armée, qu’il a mis fin à des mouvements insurrectionnels qui menaçaient l’intégrité de notre territoire, comme la sécession katangaise, les rebellions « muleliste » ou encore les deux guerres du SHABA, pour ne citer que ces exemples-là .
Aujourd’hui, c’est seulement la nature qui a changé. Là où nous nous livrions hier à des guerres étrangères déguisées en mouvement insurrectionnel, aujourd’hui nous combattons contre des armées pour rentrer dans la grille de lecture occidentale
Pour vaincre ces ennemis du Congo qui nous combattent en tant que Nation mais qui combattent aussi le président Félix TSHISEKEDI en tant que l’incarnation d’un Congo debout et sans compromission, l’urgence était de faire des choix cohérents. Et nous savons tous que ceux qui, de près ou de loin, ont participé à la gestion par Joseph KABILA de ce dossier de l’Est du pays sont jugés comme n’ayant pas la légitimité d’accompagner ce processus aujourd’hui.
D’ailleurs, le silence gêné de l’ancien parti majoritaire témoigne de cet embarras. Car, pour dire les choses clairement aux Rwandais, il ne faut pas avoir à justifier des complaisances passées.
Le peuple congolais n’est pas dupe lorsqu’il affirme, sondage après sondage, que seul Félix TSHISEKEDI peut terminer cette guerre de l’Est du pays et le repli annoncé de M23 de certaines positions témoigne de la fermeté du Chef de l’Etat qui obtient des résultats aussi bien sur le terrain militaire que diplomatique.
Les racines du mal
Mais revenons un peu en arrière pour comprendre.
Lorsque l’AFDL est arrivé au pouvoir en 1997, alors que les Congolais espéraient que cela corresponde avec l’affirmation d’une démocratie encore plus grande, les tombeurs du maréchal MOBUTU ont immédiatement décidé de mettre entre parenthèses les acquis démocratiques obtenus grâce à de très longues luttes menées entre autres par Etienne TSHISEKEDI, ce qui a empêché tout débat autour des conditions de l’accompagnement de l’AFDL par des armées étrangères.
Les responsabilités congolaises de la guerre de l’Est du pays
Mzee KABILA a promis de revenir aux institutions et pratiques démocratiques lorsqu’il aura terminé d’assainir la situation du pays. Et, à peine un an après, les mêmes acteurs qu’aujourd’hui vont lui déclarer une guerre larvée sans jamais qu’on en sache vraiment les raisons. Quoique plusieurs sources aient indiqué à l’époque qu’il s’agissait de faire payer à Mzee KABILA ses velléités de s’affranchir de la tutelle de ses parrains qui attendaient en échange de leur soutien militaire aux AFDL, une jouissance paisible de notre pays dont ils étaient devenus des usufruitiers de fait.
Souvenons-nous aussi que jusqu’à la fin de son règne pour cause d’assassinat, Mzee n’avait toujours pas initié la moindre démarche démocratique ni éclairait les congolais sur ses arrangements avec ses parrains qui s’empresseront de nous imposer son fils dans une logique quasi monarchique pour continuer à s’assoir sur le couvercle d’un cocktail que nous savions explosif.
Comment faire en 3 ans ce que d’autres ont déconstruit pendant 21 ans ?
Il a fallu attendre le 4+1 pour voir les prémices des actions démocratiques et des acquis d’aujourd’hui. Malgré cela, Joseph Kabila est resté 17 ans au pouvoir entre continuité de son père, déni du fait démocratique et glissement.
Et pendant ces 17 longues années, aucun débat sérieux n’a eu lieu sur ce sujet récurrent de l’insécurité de l’Est du pays. Au contraire, on a semblé s’accommoder d’une espèce de consensus ou plutôt de reniement en fermant les yeux sur des pratiques prédatrices de nos voisins qui ne seront finalement dénoncées que depuis l’instauration courageuse de l’état de siège dans certaines régions de l’Est du pays par le Président de la République.
Mais, plutôt que de saluer les efforts réels et palpables du Chef de l’Etat pour restaurer l’autorité de l’Etat sur l’ensemble du territoire national, certains ont décidé de politiser le sujet qui, pourtant, devrait faire consensus. Ils vont jusqu’à demander à ce dernier de réussir en trois ans là où ils ont mis tant d’énergie à déconstruire pendant pratiquement 21 ans.
En définitive, là où certains ont mis 21 ans à faire prospérer un problème qu’ils ont créé en 1996 en acceptant le parrainage aux conditions floues du Rwanda, l’agression de 1996 est assez ancienne pour être considérée comme le point de départ de toutes ces rebellions multiformes de l’Est du pays qui n’ont qu’un seul but : celui de distraire les congolais de l’essentiel et tout faire pour conserver une dose d’instabilité suffisante pour créer des clivages entre congolais de bonne foi et discréditer à chaque fois les actions du gouvernant en place.
Sinon comment expliquer que l’on puisse raisonnablement demander à Félix TSHISEKEDI de résoudre en trois ans ce qui a mis tant de temps à se nouer et qu’il est le seul en position de pouvoir résoudre car ne présentant aucun indice présent ou passé qui puisse faire douter de la sincérité de son engagement à assainir la situation à l’Est et à faire prospérer par voie de conséquence le reste du pays.
Les Congolais ne veulent plus de leaders imposés par des puissances étrangères
Aujourd’hui, ne soyons plus dupe ! Nous devons, par nos choix, montrer aux agresseurs du Congo que nous avons compris et que nous ne voulons plus des leaders que ces derniers nous imposent pour mener leur politique à la tête de la RDC.
Cette vigilance vaut pour le Rwanda comme pour d’autres pays frontaliers ou non et qui ont eu par le passé des velléités territoriales chez nous au point de traverser notre frontière en uniforme.
Et d’ailleurs, qu’adviendrait-il en cas de conflit d’intérêts entre un Chef de l’Etat et ses intérêts identitaire et/ou économique ?
Loin d’être un choix sentimental, notre choix de continuité est un choix de raison en fonction des forces en présence et des enjeux pour notre pays. Nous ne voulons pas prendre le parti de la déstabilisation et du chaos, ni même celui de la naïveté.
Il s’agit d’envoyer un message clair à nos agresseurs qui doit se résumer en filigrane « Nous n’accepterons plus les dirigeants que vous nous fabriquez ou recyclez pour nous et qui sont vos premiers lobbyistes une fois au pouvoir. Nous n’acceptons plus votre logique d’infiltration du pouvoir congolais ou de gestion déléguée de notre pays. »
Notre choix d’accompagner le Président Félix TSHISEKEDI est un choix de raison dans l’intérêt exclusif de la RDC
Notre choix consiste à donner au Président en place la possibilité, enfin depuis si longtemps, d’avoir les coudés franches pour résoudre les problèmes du Congo.
Ce choix d’aujourd’hui est dicté par les mêmes paradigmes qu’hier lorsqu’il s’agissait d’intégrer l’Union Sacrée de la Nation.
Nous devons avoir conscience que notre pays dont la chronique de la dislocation est écrite depuis longtemps par certaines chancelleries, n’a plus le temps de faire des expérimentations.
Donc soyons cohérent et arrêtons de poser le problème en termes de personnes mais en terme d’efficacité en reconnaissant qu’aujourd’hui, Félix TSHISEKEDI est le mieux placé pour relever nos différents défis.
Et, au nom de quoi devrions-nous accepter de reprendre du retard en remettant de nouvelles équipes et de nouvelles logiques en place au lieu de faire aboutir et réussir une équipe déjà en place et dans laquelle nous avons tous notre rôle à jouer ?
D’ailleurs, je vous invite en guise de conclusion à noter que le Chef de l’Etat n’a exclu personne et qu’en toute logique l’Union Sacrée de la Nation devrait garantir toutes les alternances du futur avec au moins une vigilance particulière sur la continuité des actions de notre exécutif sans risque de conflit d’intérêts, ni de devoir des reconnaissances que certains ont contracté avec l’ennemi de la Nation. Il est quand même dommage de refuser de profiter du cadre démocratique de notre pays aujourd’hui, qui offre la possibilité d’apporter dans le cadre d’une coalition transparente sa pierre à l’édifice.
Les égos personnels et les positionnements en quête de bénéfice politique sont devenus nocifs pour notre pays et font le lit de nos velléitaires qui n’hésitent pas ensuite à se moquer de nos querelles de personnes et nos égos démesurés qui nous font parfois oublier l’intérêt du Congo.
Il est encore temps pour que les vrais patriotes écrivent une vraie ligne de démarcation.
Ce qu’il nous faut ce n’est pas un homme ou une femme providentiel (le) mais une équipe résolument engagée dans l’action salvatrice de notre pays dans un moment particulier où sa survie dépend de la cohérence de nos choix.
Honorable Simon MULAMBA MPUTU
Député National élu de Tshikapa
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