Tripartite de Luanda entre la Rdc et le Rwanda : Lutundula rétablit la vérité

« Nous allons gagner », c’est l’assurance donnée par Christophe Lutundula aux Congolais, témoignant de ce fait la détermination du chef de l’Etat, Félix Tshisekedi. Et ce, en dépit des provocations du M23 qui est comme un fantôme armé jusqu’aux dents. En réalité, dit-il, la reprise des hostilités est justifiée par le fait qu’on veut maintenir le pays dans une situation d’ingouvernabilité, on veut créer des espaces de libre exploitation illégale de nos ressources naturelles et on veut bloquer le processus de Nairobi. Comme pour dire que la volonté des agresseurs, c’est de nous affaiblir et ne pas nous permettre de nous organiser.

Devoir de rédévabilité oblige,  Patrick Muyaya, ministre de la Communication et médias a encore fait venir le Vice-premier ministre, ministre des Affaires étrangères, Christophe Lutundula, de retour de Luanda en Angola où il a accompagné le chef de l’Etat à la tripartite Angola-Rdc-Rwanda, afin de mieux expliciter la feuille de route adoptée à cet effet. Et ce, au moment où il y a la reprise des hostilités sur le front de Bunagana et où le Rwanda s’est permis de publier un document de travail écrit en Anglais, semant ainsi la confusion dans beaucoup de têtes.

« C’est la première tripartite organisée par le médiateur désigné par l’Union africaine où nous devrions avoir un langage clair, être sincère et jouer la carte sur la table. Chaque partie devait présenter ses récriminations, sa feuille de route et les actions qu’il entend mener pour le rétablissement de la paix », dit-il, avant d’ajouter qu’au finish, il y a eu une feuille de route qui reprend des objectifs assortis des actions à mener. Aussi, des délais ont été donnés et des acteurs désignés.

Que faire ?

Il sied de signaler que 6 objectifs ont été adoptés par la tripartite de Luanda, assortis des actions à mener. Le premier objectif, c’est le réchauffement des relations diplomatiques entre la Rdc et le Rwanda, ainsi que l’instauration d’un climat de confiance entre les Etats de la région. A cet objectif, la tripartite a décidé de la cessation des hostilités qui va au-delà du cessez le feu et le retrait du M23 des positions qu’il occupe ; vaincre les FDLR qui sont à l’origine des tensions et qui jouent un rôle déterminant dans l’insécurité dans la région ; créer des conditions nécessaires pour le retour des réfugiés. Ici, il ne s’agit pas seulement des réfugiés congolais, le Rwanda a enfin accepté le principe des FDLR sur son territoire national. Cela, dans la droite ligne du communiqué du 21 avril 2022 de Nairobi.

La tripartite s’est aussi engagé à réactiver l’équipe conjointe des renseignements contre les FDLR en coordination avec la CIRGL, en harmonie avec Nairobi ; convoquer la commission permanente conjointe le 12 juillet 2022. Soulignons que cette commission se réunit alternativement. La dernière réunion s’est tenue en 2012 à Kigali. Le président de la République a refusé une quelconque réunion conjointe à Kinshasa, pendant que les Congolais continuent à être tués par ces terroristes du M23 bénéficiant du soutien du Rwanda.

« Il faut qu’il y ait la certitude de la fin des attaques du M23. C’est ainsi que le président angolais a accepté de réunir exceptionnellement la Rdc et le Rwanda pour avoir un chronogramme des actions de la feuille de route », a expliqué le patron de la diplomatie congolaise.

Un autre objectif, c’est la prévention de la violation du territoire national. « Nous avons reconnu que le mécanisme conjoint élargi de al CIRGL n’est pas efficace. Il faut élargir le mandat du mécanisme et renforcer ses moyens d’action pour un monitoring à priori. Il est prévu que le mécanisme constate les actions de violation contre l’intégrité territoriale. Ici, la responsabilité est assumée par la CIRGL.

« Vérification des accusations réciproques de la Rdc et du Rwanda », c’est le troisième objectif. Ici, il sera question de créer un mécanisme de vérification ad hoc dirigé par un Officier angolais. Comme pour dire que la tripartite a donné un rôle majeur à l’Angola.

Pas de brassage, mixage ou partage de pouvoir

Comme 4ème objectif, c’est la revitalisation de l’accord-cadre d’Addis-Abeba, soit avoir un mécanisme d’harmonisation. Le processus de Nairobi doit être géré en concertation avec la CIRGL. Pour y arriver, il faut mettre fin à la divagation des groupes armés. Ceci, pour mettre fin à leurs activités. Et ceux qui ne le voudront pas, seront écrasés. Il y a aussi l’accélération de la démobilisation. « Il faut ouvrir la voie vers le retour des brebis galeuses. Ceci n’est pas à confondre avec le brassage, le mixage et le partage équitable et équilibré du pouvoir », tranche Christophe Lutundula.

La promotion du partenariat économique entre les Etats de la région, c’est le 5ème objectif. Dans ce cadre, il faut intensifier la lutte contre l’exploitation illicite des ressources naturelles par les groupes armés. Il ne s’agit pas de supprimer les accords de coopération avec le Rwanda. « Nous n’avons pas fait de caprices. Mais il faut approcher tous nos voisins, ouvrir des perspectives de coopération. Mais dans les relations entre Etats, la confiance est un élément capital. Lorsqu’un partenaire n’est pas de bonne foi, on ne peut plus continuer avec lui. Tant que nous n’aurons pas la conviction que cela a changé, nous ne pouvons pas revenir sur ces accords-là », explique Lutundula, d’un ton ferme.

Le 6ème objectif, garantir la bonne exécution de la feuille de route. C’est ainsi qu’il est prévu la convocation d’un sommet extraordinaire de la CIRGL pour permettre aux Etats de la région d’endosser la feuille de route adoptée à Luanda.

Jean-Marie Nkambua

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