Unité nationale en péril : A qui profite la multiplication des conflits communautaires ?

Depuis l’éclatement de la guerre d’agression de l’AFDL en octobre 1996, il s’observe des poussées périodiques des conflits communautaires dont le dernier épisode est les  récents affrontements Teke Yaka à Kwamouth dans la province du Maï Ndombe issue de la grande province du Bandundu démembrée. Comme en son temps, pour la crise de Inyele dans la grande Equateur, le conflit de Kamwena-Sampu, la répression des Bundu Dia Kongo,  le conflit post électoral en 2019 entre Luba – Yaka, les tueries de Yumbi etc…Le conflit de Kwamouth, comme dénoncent plusieurs voix, semblent être téléguidés, une sorte de marque de fabrique des prédateurs pour fomenter des pseudos rebellions. Une main noire est derrière ces événements macabres, apprend-t-on, et le manipulateur disposerait des ‘jokers-marionnettes’ à l’intérieur même de l’appareil étatique.  Comme pour la révolte Banyamulenge en 1996, l’ombre du Rwanda et des multinationales plane…

En 2019, le journaliste Marcus Jean Loika « Kpasha » avait fait le constat que  depuis décembre 2017, une sorte des violences qui s’est déclenchée en territoire de Djugu, qualifié au début d’une guerre interethnique  entre Hema et Lendu, puis une rébellion en gestation conduit par un certain Lokana et aujourd’hui c’est l’existence de Codeco qui s’impose  avec des  leaders bien connus au côté d’une autre groupe milice controversé dénommé « Zaïre ».

Avant lui déjà, en 1996, le conflit communautaire lancé par les Banyamulenge, qui déboucha sur la guerre de l’AFDL et renversa le régime Mobutu, était téléguidé de l’extérieur par le Rwanda et l’Ouganda,  au service des multinationales anglo-saxonnes. La RDC continue à subir les effets jusqu’à nos jours.

Généralement, les protagonistes dans chaque camp affirment user de l’auto-défense pour des supposés injustices contre leur communauté.  Toutefois, l’existence des groupes armés se disant  d’autodéfenses, contraste énormément avec le déchirement parfois, des membres d’une même communauté comme en province de l’Ituri. « En  lieu et place de l’unité pour sortir la province toute entière du problème de l’insécurité endémique afin d’espérer un développement tant souhaiter, on pérennise l’insécurité. Ce qui fait que  la situation actuelle  de Djugu devenu un fonds de commerce et d’enrichissement pour certains, un moyen de positionnement politique et de populisme pour les autres », déplore Marcus Jean Loika « Kpasha » parlant de l’insécurité dans le territoire de Djungu en Ituri.

 Pendant ce temps, les prédateurs des richesses naturelles de la RDC actionnent  leurs lobbyings pour tirer d’énormes bénéfices de l’insécurité dans la région des Grands Lacs, en jouant les courtiers des multinationales. Les communautés en proie aux conflits dits ‘communautaires’, continuent à hausser le ton pour rejeter fondamentalement cette  forme de guerre interethnique dans leur  localité pendant que les prédateurs continuent à mener leur lobbying. Le cas le plus frappant est l’exemple du lobbying Rwandais, un des prédateurs  dénoncé fermement par le chef de l’Etat à la 77è session de l’Assemblée générale des Nations-unies.

Des lobbies pour la perpétuation du système de prédation en Rdc

Il est actuellement établi et évident que  la prédation de la RDC se fait principalement  via le Rwanda. Un système de prédation  qui   a été créé en Ouganda vers les années 90 dont la ‘maffiosi  Causa nostras’ a été poussé à conquérir militairement le Rwanda depuis presque trois décennies et y est maintenu par de puissants lobbies qui tracent la marche du monde.

Des lobbies  connus et facilement identifiable, mais paradoxalement personne ne dénonce. Sa force  réside en ce que, par leur toute puissance, oser les nommer publiquement et les dénoncer serait presque suicidaire. Ils sont tellement puissants qu’ils tiennent sous leurs coupes les classes politiques non seulement en RDC mais également dans certains pays et  aussi les systèmes judiciaires tant nationaux qu’internationaux sans parler des grands médias, qui presque tous, leur appartiennent. C’est pour cela que quand ceux qui sont exaspérés par leurs actions (du sommet à la base) qui, logiquement, se doivent de les dénoncer, doivent y aller avec doigté et finesse pour ne pas s’attirer leurs foudres avant même la transmission du message.

Le plus visible, la partie émergée de l’iceberg, de ces lobbies mais aussi le moins nocif en cas d’identification est celui constitué par un groupe de personnalités américaines et européennes recrutées pour leur confier la direction de toutes les entreprises publiques générant les revenues ainsi que des grandes sociétés.  Ils sont aussi dans la plupart d’institutions internationales. S’appuyant sur ce petit pays, il s’observe que  « le Rwanda est le seul pays d’Afrique et sûrement du monde, à recruter des cadres occidentaux dans son administration et pas dans le cadre de la coopération avec ces pays (car dans ce cas ils sont payés par leurs pays respectifs), mais à titre privé et donc en leur assurant les conditions salariales supérieures à celles de leurs pays d’origine », fustige un observateur.

Si l’on considère les sommes engagées à payer à ces fonctionnaires d’un autre genre, l’on pourrait se demander si réellement cela vaut le coup. Comme ils sont recrutés à titre privé et qu’il leur est garanti de ne pas perdre des avantages qu’ils avaient chez eux, il se peut qu’on leur  en rajoute. Quand on pense qu’un Directeur général rwandais dans la fonction publique gagne 1.617 505 Frw (1617 euros : Journal Officiel n° Spécial du 13/08/2020) par mois, ce qui équivaut à plus moins 16% de ce que gagne un de ces expatriés ayant le même grade et la même fonction, on pourrait s’étonner et se demander pourquoi le choix de  cette option.

Des expatriés, grassement rémunérés, rendent en effet des services énormes et vitaux au système que le citoyen lambda ne pourrait imaginer, car ne le concernant qu’indirectement et négativement.

Et ce système s’exporte en RDC où des collabos faisant partie du ‘réseau’ sont également ‘grassement rémunérés’ via des comptes occultes pour des services énormes et vitaux au ‘système de prédation’.

La communauté congolaise devrait donc se montrer plus que jamais unie et indivisible.

Pourquoi  des clivages Teke Yaka ? Pourquoi utiliser les termes Lendu ou Hema dans la situation de Djugu et non créer une cohésion ethnique propre à Djugu, comme Lubaru si on veut parler de Aru et Mambamusa qui définit les ressortissants de Mambasa? Pourquoi chercher toujours à se victimiser et pointer  l’autre si on cherchait réellement la paix ensemble avec autrui ? Et pourquoi toujours répliquer de la même façon à l’autre qui a peut-être réagie avec émotion pour avoir perdu les leurs?

Comme l’avait dit en son temps le Maréchal Mobutu, le Chef de l’Etat « n’est pas un magicien, seul il ne peut rien », il faut savoir que  ni Félix Tshisekedi, ni l’Etat de siège et moins encore l’armé en elle seule ne peut ramener la paix sur toute l’étendue du territoire national. La population est actrice de sa sécurité, de son développent et bien- être.

Unis et ayant  une même vision, malgré les divergences d’opinions et  défauts, le peuple congolais est à même d’éradiquer le joug du système de prédation qui pèse sur elle.

Willy Makumi Motosia

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